L'instauration d'un droit de douane de 47 % sur les exportations malgaches vers les États-Unis suscite l'inquiétude des acteurs économiques. Le secteur privé redoute un impact direct sur la compétitivité de plusieurs filières clés.
L'annonce, il y a trois jours, de l'imposition d'une taxe douanière de 47 % sur les produits malgaches à destination du marché américain a suscité une vive réaction dans les milieux économiques. Cette mesure, qui remet en cause les avantages jusque-là offerts par l'African Growth and Opportunity Act (Agoa), pourrait compromettre l'accès des exportateurs malgaches à un marché stratégique.
Jusqu'à présent, Madagascar bénéficiait de l'Agoa, permettant à ses produits d'entrer aux États-Unis sans droits de douane. Cette exonération a notamment favorisé les exportations de textile, de produits agricoles comme la vanille et le girofle, ainsi que de matières premières, dont le nickel. En 2023, ces exportations représentaient 669 millions de dollars. L'introduction de cette nouvelle taxe pourrait fragiliser ces filières face à la concurrence d'autres pays africains toujours éligibles à l'Agoa.
Face à cette évolution, les autorités tentent d'identifier les conséquences et d'anticiper les réponses possibles. Josielle Rafidy, directrice générale de l'Economic Development Board of Madagascar (EDBM), précise que ses équipes travaillent actuellement à recenser les entreprises potentiellement concernées. Un comité de concertation réunissant les représentants du secteur public et privé est en cours de constitution.
Marge de négociation
Pour Tiana Rasamimanana, président du Syndicat des industries malagasy, « la situation manque encore de clarté ». Il insiste sur la nécessité d'obtenir des précisions sur l'application des taux annoncés -- 47 % et 93 % -- et plaide pour l'ouverture de discussions avec les autorités américaines. Il appelle également à une concertation renforcée avec l'ambassade des États-Unis.
Selon cette dernière, une marge de négociation pourrait exister si Madagascar accepte de rééquilibrer certaines de ses pratiques commerciales. À ce stade, aucune date n'a toutefois été avancée pour d'éventuelles discussions bilatérales.
Dans l'attente de clarifications, de nombreuses entreprises, notamment du secteur textile, suspendent leurs décisions stratégiques, en attendant d'y voir plus clair sur l'impact réel de cette mesure sur leurs activités.