Congo-Brazzaville: 8e édition du Fitaas - Retour aux racines du théâtre congolais

Le directeur du Festival international du théâtre et autres arts (Fitaas), Yvon Wilfride Lewa-Let Manda, a exprimé son souhait de ramener le théâtre des années 1980-1990 sur le devant de la scène lors du lancement officiel de ce festival au Cercle culturel Sony-Labou-Tansi de Brazzaville. Toutefois, pour y parvenir, il estime que la collaboration des acteurs culturels, des pouvoirs publics ainsi que des mécènes ou sponsors est essentielle.

Lancé le 25 mars dernier par le directeur général des Lettres et des Arts, le festival rassemble des troupes théâtrales, des groupes de percussions, des artistes de stand-up, des slammeurs ainsi que des masterclasses. L'ouverture avait été marquée par des moments émouvants, notamment la présentation d'une pièce de théâtre de la troupe Autopsie qui a interpellé les femmes à l'occasion de la Journée internationale de leurs droits.

Le public a assisté à une représentation rappelant les comportements déviants de certaines femmes qui, au lieu de réfléchir à leurs conditions socio-professionnelles, se ruent vers les pagnes et échouent dans des bars, souvent sous l'emprise de l'alcool. Face à ces instants poignants et chargés d'émotion, Yvon Wilfride Lewa-Let Manda a estimé qu'il est grand temps de redonner au public le goût des pièces théâtrales, comme celles des décennies 1980-1990.

« Il faut que des événements comme ce festival, avec ses manifestations artistiques, puissent attirer un large public et ramener ceux qui ne croient plus au théâtre, brisés par l'influence du septième art, le cinéma, au point que les salles de spectacle sont désormais vides. Aujourd'hui, les gens préfèrent rester confortablement installés chez eux, devant leurs écrans pour regarder des séries Novelas, des séries comme Karachika ou d'autres films d'action », a déclaré le directeur du Fitaas.

Il a ajouté : « Le théâtre, quant à lui, est un art vivant qui éduque. Pour raviver cet intérêt, il n'y a rien de mieux que d'organiser des manifestations artistiques et littéraires comme ce festival, afin d'inviter et d'exhorter les populations à revenir au théâtre ».

Un appel au soutien des pouvoirs publics

Par ailleurs, Yvon Wilfride Lewa-Let Manda a plaidé auprès des pouvoirs publics pour que les artistes puissent vivre de leur art. « Chacun, dans la République, doit jouer son rôle, tout comme les doigts d'une main qui accomplissent chacun son métier », a-t-il estimé.

En effet, en tant qu'acteurs culturels, les organisateurs de ce festival font déjà leur part, mais le gouvernement, à travers le ministère de l'Industrie culturelle, devrait également intervenir pour soutenir les artistes. Cela passe par la construction de salles de spectacle, la rénovation du Cercle culturel Sony-Labou-Tansi, lieu d'accueil du festival à Brazzaville, ainsi que la création de bibliothèques, de centres culturels et de centres de lecture. Il est également crucial de ne pas se contenter des initiatives étrangères, comme l'Institut français du Congo, la Maison russe ou Olympia, mais d'investir davantage dans les infrastructures locales.

Pour conclure, Lewa-Let Manda a exprimé son désaveu vis-à-vis de l'émigration clandestine, en soulignant que « le manque d'infrastructures culturelles, hospitalières et sportives pousse de nombreux jeunes à chercher à traverser la Méditerranée pour rejoindre l'autre côté, à la recherche de meilleures opportunités. Le manque de soutien pour nos artistes incite aussi les talents à se diriger vers les pays occidentaux, où des fonds pour la création artistique et littéraire existent ».

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