Il est l'incarnation du futsal camerounais. Une passion qu'il dévore à chaque fois qu'il doit la défendre, la promouvoir et la faire évoluer, malgré les obstacles et les sacrifices personnels.
À quelques jours d'une nouvelle aventure, la Coupe d'Afrique des Nations Féminine de Futsal qui aura lieu au Maroc du 22 au 30 avril, Louis René Epée, entraîneur engagé et visionnaire, se prépare à mener l'équipe camerounaise vers un exploit historique. Cette compétition représente bien plus qu'un défi sportif pour lui : c'est le couronnement de décennies de travail acharné pour faire du futsal un sport de premier plan au Cameroun et en Afrique.
Depuis ses débuts en 1996, lorsqu'il a découvert le futsal au stade de Yaoundé, Louis René Epée n'a cessé de rêver grand. En fondant le National Mfandena 98 et en devenant le pionnier du futsal au Cameroun, il a posé les premières pierres d'un édifice qu'il voit aujourd'hui se dresser au sommet du sport africain. Mais ce parcours n'a pas été sans sacrifices : abandonner son métier de bibliothécaire-relieur, se dévouer corps et âme à cette discipline, et porter l'ambition du futsal camerounais, malgré un environnement parfois réticent, tout cela a façonné son parcours exceptionnel.
Aujourd'hui, à la tête de la première équipe féminine camerounaise en compétition pour cette CAN historique, il n'est plus simplement un entraîneur, mais le porteur d'un rêve pour le futsal féminin africain. Ses ambitions sont claires : faire briller le Cameroun sur la scène africaine, offrir à ses joueuses une visibilité qu'elles méritent et, plus encore, poser les bases du développement de cette discipline en Afrique. Avec son équipe, il ne s'agit pas seulement de participer, mais de laisser une empreinte durable dans l'histoire du futsal féminin.
Louis René Epée, en abordant cette compétition, nous révèle ses aspirations profondes, ses réflexions sur ce parcours de pionnier et la détermination qui l'anime à faire en sorte que le futsal camerounais ne soit plus une discipline marginale, mais bien un acteur incontournable sur la scène internationale.
Le Cameroun est dans le groupe A, avec le Maroc et la Namibie. Quelles sont vos impressions sur ces oppositions ?
D'abord, ce sont des impressions de passionnés du futsal qui sont fiers de voir des compétitions d'élite se dérouler. Nous sommes satisfaits de pouvoir pratiquer le futsal, que ce soit chez les dames ou chez les messieurs, avec un engagement et un sérieux accrus.
Sur le plan technique, affronter le Maroc signifie faire face à une équipe bien préparée, structurée, et possédant une véritable culture du futsal de haut niveau. Cela nous impose un travail intense. De notre côté, nous avons une expérience internationale, mais nous rencontrons parfois des difficultés à bien nous structurer. Ce sera donc une opposition difficile entre une équipe expérimentée et une équipe en pleine construction.
Quant à la Namibie, c'est une formation à prendre au sérieux. Leur discipline et l'organisation de leur fédération sont des indicateurs d'une équipe structurée, engagée et difficile à manoeuvrer. Nous devrons nous montrer à la hauteur de leurs exigences tactiques.
Vous êtes une figure incontournable du futsal féminin au Cameroun, ayant dirigé des campagnes internationales, notamment aux Jeux Olympiques de la Jeunesse à Buenos Aires en 2018. Quelle importance revêt cette première CAN féminine de futsal dans votre parcours ?
Je préfère me voir comme un ouvrier encore en train de bâtir l'édifice. Cette CAN féminine est un pas de plus vers la promotion du futsal et du sport féminin en Afrique. Donner aux femmes l'opportunité de s'exprimer dans cette discipline est une avancée majeure.
Sur le plan sportif, les femmes assimilent très vite les principes tactiques et techniques du futsal. Elles ont une capacité d'adaptation rapide qui peut enrichir la discipline. Associer leur approche à celle des hommes pourrait permettre de développer le futsal africain dans son ensemble.
Comment vos joueuses ont-elles réagi à cette première participation historique à une CAN de futsal féminine ?
Avec beaucoup d'enthousiasme, d'engagement et de curiosité. Nos sympathisants suivent cette aventure avec intérêt, et nos joueuses mettent tout en oeuvre pour se montrer à la hauteur. Cette participation est une ouverture pour les jeunes Camerounaises et, plus largement, pour les jeunes filles africaines, qui peuvent envisager un avenir dans cette discipline.
Cette CAN est une nouvelle voie de promotion sociale, sportive et culturelle. Il y a une impatience générale de voir comment nous allons nous comporter dans cette compétition, tant pour les résultats que pour le plaisir de jouer.
Vous êtes un passionné de futsal. Comment avez-vous découvert cette discipline et quel rôle joue-t-elle dans votre vie ?
J'ai découvert le futsal en pratiquant le handball, puis grâce à la proximité de mon domicile avec le stade de Yaoundé. Introduit au futsal par M. Tchoya en 1996, j'ai rapidement été passionné et investi, fondant le National Mfandena 98 de Yaoundé comme joueur-entraîneur.
Après plusieurs titres nationaux en 1998, la Fédération Camerounaise de Football m'a sollicité pour promouvoir cette discipline, mission qui m'a conduit à abandonner mon métier de bibliothécaire-relieur. Grâce à la reconnaissance de la Fédération, j'ai suivi des formations en Libye (2008) et en Égypte (2010), avant de diriger la première équipe nationale masculine du Cameroun en futsal.
Ma vie est dédiée au futsal. Mes enfants l'ont découvert avant tout autre sport, et mon métier est officiellement reconnu sur mes papiers d'identité. En 2000, j'ai présenté cette discipline au président de la République du Cameroun, Son Excellence Monsieur Paul Biya. Aujourd'hui, je vis du futsal à travers formations, entraînements et développement du football camerounais, défendant l'idée du futsal comme outil éducatif et de structuration du jeu.
Quelles sont vos ambitions pour cette compétition ?
Notre ambition est claire : c'est le titre. Lorsqu'on participe à une compétition d'élite, ce n'est pas uniquement pour soi, mais pour le drapeau que l'on défend, pour la nation et pour l'État. L'objectif est de gagner, de se qualifier et de devenir champion.
Dans un premier temps, il s'agit d'obtenir la qualification pour la Coupe du Monde, puis de décrocher le titre de champion d'Afrique. Le match clé qui déterminera la suite de notre parcours, c'est celui contre le Maroc. Nous avions initialement pensé qu'il se jouerait le 22, mais finalement, il aura lieu le 24. Cela nous offre deux à trois jours de préparation supplémentaires, un délai non négligeable dans notre préparation.
Pour avancer avec certitude dans cette compétition, il faut réaliser un bon résultat face au Maroc. À défaut d'une victoire, un match nul pourrait nous permettre de rester dans la course. Mais notre véritable objectif, c'est de gagner.
Pouvez-vous décrire votre groupe et quelles en sont ses caractéristiques ?
Sur le plan technique, ce sont des joueuses élémentaires, capables d'exploiter au maximum leurs ressources limitées. Elles sont dévouées à la tâche, vigilantes et font preuve d'un grand respect envers l'adversaire. Leur maniement du ballon repose sur des bases essentielles, avec des notions de réception et de transmission qu'elles utilisent de manière efficace pour obtenir des résultats probants.
Sur le plan physique, elles sont solides et résilientes, ce qui leur permet de tenir face à des adversaires plus expérimentées. Tactiquement, elles commencent à développer des velléités de jeu de bon niveau, même si certaines phases demandent encore du perfectionnement.
Enfin, sur le plan mental, nous cherchons à atteindre un niveau d'excellence, car c'est un aspect clé pour faire la différence dans la compétition. Sur une échelle de 10, j'évaluerais notre groupe à 7, ce qui montre qu'il y a encore une marge de progression, mais aussi un vrai potentiel.
Au-delà de la performance sportive, alors que la CAN féminine de futsal marque une nouvelle ère pour la discipline, quel est votre souhait pour le développement du futsal féminin au Cameroun et en Afrique ?
Mon souhait principal est qu'il y ait plus de considération pour le futsal féminin. Cette considération passe d'abord par une meilleure communication autour de la discipline. L'entretien que j'ai avec vous aujourd'hui est une grande première pour le futsal féminin, et c'est déjà une avancée. Être écouté, être mis en avant, cela booste le moral et motive les acteurs de la discipline.
Ensuite, il est impératif de penser à la parité homme-femme dans la participation au futsal, que ce soit au niveau de la FIFA, de la CAF ou des fédérations nationales, y compris au Cameroun. La parité est essentielle non seulement dans la pratique du futsal, mais aussi dans la reconnaissance médiatique et institutionnelle de la discipline.
Enfin, il faut une communication plus large et plus équitable. Que ce soit à travers la presse écrite, la radio, la télévision ou les plateformes numériques, il est crucial que l'on parle du futsal féminin et qu'on lui accorde la visibilité qu'il mérite.
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