Au Soudan du Sud, cela fait dix jours que le vice-président Riek Machar a été placé en résidence surveillée par le président Salva Kiir. Ce dernier l'accuse d'avoir orchestré des violences contre l'armée gouvernementale début mars, dans le Haut-Nil. La détention de Riek Machar a marqué une escalade dramatique dans les tensions qui bouillonnent depuis des semaines, faisant craindre l'effondrement de l'accord de paix de 2018 et le retour de la guerre civile. Mais les nombreux appels au dialogue et à la libération de Riek Machar et des autres membres de l'opposition détenus n'ont eu aucun impact jusqu'ici. Et alors que plusieurs initiatives de médiation ont été lancées, l'accès à Riek Machar reste toujours interdit.
En mission de médiation dans la capitale sud-soudanaise depuis le mercredi 2 avril, les « sages » de l'Union africaine (UA) n'ont pas été autorisés à rencontrer Riek Machar. Un refus que Juba a justifié par le fait que le vice-président « fait l'objet d'une enquête. »
Refus
Envoyé spécial de l'Igad, le bloc régional d'Afrique de l'est, l'ancien Premier ministre kényan Raila Odinga s'est heurté au même refus la semaine dernière. S'il a pu rencontrer Salva Kiir le 28 mars, il n'a pas eu la permission de s'entretenir avec le vice-président. « On m'a plutôt recommandé de rencontrer le président Museveni », avait-t-il déclaré à son retour au Kenya.
Des mots qui ont suscité la controverse. Car Kampala est un soutien militaire de Salva Kiir. David Amuor, porte-parole du président sud-soudanais, a tenté d'éteindre la polémique et affirmé que la rencontre de Raila Odinga avec le chef d'État ougandais était « prévue à l'avance. »
« Remplacer »
Reste que Yoweri Museveni n'a pas, lui non plus, rencontré Riek Machar lors de sa visite à Juba cette semaine. Il a, par contre, échangé avec des membres du parti du vice-président sud-soudanais, le Mouvement populaire pour la libération du Soudan en opposition (SPLM-IO). Dans un communiqué hier, le SPLM-IO a dénoncé « un projet (...) visant à remplacer Riek Machar. »