Ile Maurice: Le pays en mode alerte !

À vendredi, selon le Dr Fazil Khodabocus, le pays comptait 35 cas de chikungunya - parmi sept cas importés et trois cas à Rodrigues - ainsi que 19 cas de dengue à Maurice. Avec ce qui se passe à La Réunion, il est évident que «c'est très alarmant pour Maurice», indique le directeur par intérim des services de santé. De nouvelles mesures, avance-t-il, sont en phase d'être incorporées mais avant cela, il faut l'aval du Conseil des ministres qui se penche aussi sur le dossier.

Entre-temps, il y a eu, dit-il, un renforcement à l'aéroport SSR à Plaisance. Les numéros de contact et les adresses sont privilégiés pour ceux qui arrivent de l'île soeur. A la suite de quoi, un suivi sur l'état de santé des passagers est fait. «Ceux qui ressentent également quelque symptôme peuvent contacter la hotline 8924 pour leur prise en charge ou se tourner vers des centres de santé.» Il faut savoir que c'est uniquement avec avoir effectué des tests que l'on peut confirmer si l'on a le chikungunya ou pas.

Ce qui inquiète cependant, c'est le nombre de bébés souf- frant du chikungunya à La Réunion. Selon des sites d'informations réunionnaises, avec plus de 4 000 cas répertoriés en une semaine (NdlR : en fin du mois de mars), 13 nourrissons de moins d'un an sont hospitalisés dans l'île, dont sept dans un état grave, selon le dernier bilan de Santé Publique France. «Ces enfants ont très mal, dès qu'on les touche, ils crient, ils souffrent de douleurs au niveau des muscles et des articulations... Ils ne peuvent pas manger facilement. Nous avons été obligés de les mettre sous morphine. Au bout de deux à trois jours, on remarque qu'ils recommencent à téter. Leur état s'améliore», explique le docteur Brahim Boumahni, pédiatre au CHU Sud de La Réunion.

Questionné à ce sujet, le Dr Khodabocus soutient que fort heureusement aucun cas de bébé n'a été jusqu'ici recensé à Maurice. Toutefois, la vigilance est de mise. Il y a, poursuit-il, déjà tout un protocole qui a été mis en place avec les pédiatres et des aménagements ont déjà été faits au NICU, par exemple. «La dernière fois que le chikungunya a été recensé date de 2005 et de là à 2025, il n'y a pas eu de cas. Donc dans un certain sens, ceux qui sont nés durant cette période n'ont aucune immunité contre cette maladie et sont plus à risque. Les bébés aussi bien que les femmes enceintes. C'est pour cela que nous recommandons un maximum de précautions.» Ainsi le médecin privilégie des moustiquaires pour les enfants en bas âge, des crèmes anti-moustiques et des gestes simples comme ne pas laisser d'eau stagnante dans des récipients qui pourraient aider à la prolifération des moustiques...

Revenant aux bébés touchés par le chikungunya, selon un article publié par Le Parisien, après l'épidémie de 2005 qui avait gravement touché La Réunion, l'on indique que 19 bébés y sont nés avec le virus du chikungunya. Contaminés pendant la grossesse, certains ont des séquelles neurologiques importantes. Ils font depuis neuf mois l'objet d'une surveillance médicale sans relâche. Ces bébés nés avec le chikungunya, des petits «chikungunyés» - comme on les appelle sur l'île - qui risquaient de se retrouver avec un handicap moteur ou mental sont suivis par des spécialistes de l'hôpital de Saint-Pierre.

Ces derniers venaient de terminer une étude sur les cas de transmission materno-foetale rencontrés au sein de leur établis- sement, qui a traité tous les habitants du sud de l'île. Trois bébés âgés de six à neuf mois - période de la croissance à laquelle on peut commencer à constater des retards de développement - inquiétaient particulièrement les médecins, et surtout l'un de ces bébés, né avec une hémorragie au cerveau et incapable de se tenir assis malgré ses neuf mois. Que vont-ils devenir ? Les médecins soutenaient être alors incapables de le dire mais leur avenir est très incertain. «Il est fort probable qu'ils gardent des séquelles, même si, à cet âge, tout est possible»,admettait Pierre-Yves Robillard, responsable du service de réanimation néonatale et pédiatrique de l'hôpital de Saint-Pierre.

À Maurice, la Dr Shamimah Edoo, pédiatre, indique que justement cela peut s'avérer très grave pour les bébés qui naissent de mamans atteintes du chikungunya. «Même la césarienne ne pourra pas contrer cela. Et justement cela pourrait entrainer des séquelles graves à long terme pour l'enfant s'il développe des infections notamment à la cervelle et au coeur.» Le seul moyen de prévention est que les femmes enceintes ne s'exposent pas aux moustiques porteurs du chikungunya, en se couvrant et en utilisant des crèmes, entre autres. Pour les enfants en bas âge - un an ou plus - qui contractent le chikungunya, cela se traite, explique-t-elle, comme chez les adultes. «J'ai cru comprendre qu'à Maurice, le plus jeune enfant ayant contracté le chikungunya est âgé de huit ans et il se porte bien...»

Flashback... sur 2005

Pour rappel, Maurice a connu une épidémie de fièvre chikungunya avec environ 3 500 cas suspects entre avril et juin 2005. Avec l'arrivée de la saison d'hiver, la transmission du virus a diminué, mais elle a de nouveau augmenté en 2006 et une épidémie de chikungunya a commencé à Rodrigues en février 2006. Pour la petite histoire, la fièvre chikungunya a été reconnue pour la première fois en 1952 après une épidémie sur le plateau Makonde du territoire de Tanganyika, aujourd'hui en partie situé en Tanzanie. Le mot chikungunya provient d'un dialecte local qui signifie «ce qui se courbe», en référence à la posture voûtée fréquemment observée chez les patients souffrant d'arthralgies sévères. Les infections humaines au virus du chikungunya sont associées à l'apparition soudaine de symptômes tels que maux de tête, fièvre, éruption cutanée, et douleurs musculaires et articu- laires. Avant l'épidémie dans les îles de l'océan Indien, les infections ne se traduisaient pas par des décès. Cependant, La Réunion a rapporté plus de 200 décès pendant l'épidémie de chikungunya de 2006 (de janvier à avril 2006), et l'Inde a estimé 1 194 décès depuis la réémergence du virus en décembre 2005.

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