Le Nomination Day pour les élections municipales s'est déroulé dans une atmosphère tranquille. Il n'y avait ni ambiance festive ni cortège animé pour accompagner les candidats dans les différents centres d'enregistrement. C'était un jour tout à fait normal pour les citadins, qui vaquaient à leurs occupations habituelles en ce samedi. Beaucoup ont préféré se rendre aux supermarchés du coin ou au marché central plutôt que de se rassembler autour des centres de dépôt répartis dans les cinq villes de la capitale.
Les centres d'enregistrement ont ouvert à 9 heures et les fonctionnaires en poste attendaient patiemment les premiers candidats. Ceux de l'Alliance du changement se sont présentés en compagnie de ministres, ministres délégués et députés des circonscriptions de la capitale, le député du n°2, le Dr Farhad Aumeer a estimé que le droit de vote a été restitué aux citadins après dix ans de silence électoral.
«Ce droit a été bafoué pendant dix ans, durant lesquels l'ancien gouvernement n'a pas respecté les droits démocratiques. Aujourd'hui, ils n'ont même pas eu le courage de présenter des candidats pour ces élections. Ils avancent des excuses, disant qu'il fallait changer la loi, mais ils ont été au pouvoir pendant dix ans. Pourquoi ne l'ont-ils pas fait ? Nous rendons enfin aux citoyens leur droit de vote, et nous n'avons aucun doute que ce sera un vote de sanction. Les candidats que nous avons alignés sont des personnes qui ont déjà fait leurs preuves. L'abstention pourrait cependant nous jouer un mauvais tour, alors je demande aux citadins de sortir en masse et d'aller voter. Je lance aussi un message à ceux qui ont voté contre nous par le passé : rejoignez dès maintenant la grande famille.»
Le ministre Osman Mohamed a, pour sa part, salué la forte présence féminine parmi les candidats de l'Alliance : «Les trois quarts de nos candidats sont des femmes, et je sais qu'elles travailleront pour leur quartier. Pendant dix ans, les conseillers précédents n'ont pas accompli leur mission correctement.»
Fabrice David, ministre délégué, présent avec ses colistiers du n°1, a souligné que la journée de dépôt des candidatures s'est déroulée dans le respect des procédures et dans une bonne ambiance : «Nous attendons maintenant que la démocratie municipale puisse enfin s'exprimer le 4 mai, après dix années où les élections municipales ont été confisquées à trois reprises. Les citadins des cinq villes pourront enfin assumer leur responsabilité.»
Des candidats motivés
Du côté des candidats, l'enthousiasme est palpable. Shamima Khatib, candidate au Ward 3, espère obtenir la confiance des citadins pour «reconstruire la ville et offrir un meilleur environnement». Mehzabeen Caramtally, candidate dans le même ward, se dit reconnaissante envers l'Alliance du Changement pour l'inclusion des femmes : «J'ai été présente sur le terrain pendant 15 ans, proche des citadins. Je remercie l'Alliance pour le quota de femmes qu'elle a mis en place pour ces élections. Merci Port-Louis. Le changement arrive. Nous ne sommes pas là pour critiquer les conseillers sortants, mais pour faire un bon travail.»
Christelle Pondard souhaite redonner vie à Port-Louis : «Il faut réintroduire de l'activité et assurer la propreté dans les quartiers. Nos jeunes ont été délaissés. Le centre de jeunesse est fermé depuis de nombreuses années, et ils ne disposent d'aucun équipement adapté. Il faut que nos enfants puissent évoluer dans un environnement propre et sain.»
Jovianni Laclé, fils de Mathieu Laclé et candidat au Ward 1, veut rapporter la dynamique d'antan à Port-Louis. Il explique qu'il restera à l'écoute des habitants afin de mettre en place les infrastructures nécessaires. Michel Chifonne, également candidat au Ward 1, se projette déjà dans son rôle de conseiller municipal. Il estime qu'il faudra réorganiser les volets commerciaux et financiers de la ville, tout en prenant les mesures nécessaires pour prévenir les inondations.
Cehl Meeah en solo
À noter la participation de Cehl Meeah, leader du Front Solidarité Mauricien, qui est arrivé une trentaine de minutes avant la fermeture du centre de l'école Jean Lebrun, au Ward 5. Son équipe souhaitait initialement aligner huit candidats à Port-Louis, mais des problèmes liés au quota de représentativité féminine l'ont contraint à se présenter seul.
«Les habitants du Ward 5 ont besoin d'une voix. On ne peut pas exercer le pouvoir sans entendre la voix du peuple. Je prends l'engagement d'être cette voix ultime pour le peuple et pour le ward», a-t-il déclaré.
Ward 6 : une élection qui a bien failli ne pas avoir lieu...
Petite frayeur du côté du Ward 6 : pendant de longues heures, seuls les quatre candidats de l'Alliance du changement s'étaient présentés pour le dépôt des candidatures. L'idée d'une victoire sans élection a même brièvement flotté dans les esprits. Mais quelques minutes avant la fermeture du centre, deux candidats du Reform Party et un autre de Linion Moris sont finalement arrivés in extremis. Soulagement, mais aussi amusement chez les membres de l'Alliance, qui ont vu leur rêve d'un passage automatique vaciller à la dernière minute.
Des imprévus aussi au Ward 1
Une certaine agitation s'est installée dans le camp de l'Alliance du changement lorsqu'il a fallu remplacer Jean-David Navarre-Marie, fils de la ministre Navarre-Marie, qui s'est désisté au dernier moment. Trois candidates seulement s'étaient initialement présentées au centre. Le temps de dénicher un nouveau candidat, ce dernier s'est présenté au centre d'enregistrement avec du retard. Finalement, Jean-David Navarre-Marie a bien déposé sa candidature au Ward 1. Au total, 92 candidats brigueront les suffrages dans les huit wards de Port-Louis.