Congo-Kinshasa: Dans Kinshasa, les inondations dues aux pluies diluviennes ont surpris tout le monde

Vue de l'avenue Kassa-vubu, remplie d'eau après une forte pluie. Kinshasa, le 22 octobre 2023

En République démocratique du Congo (RDC), des pluies diluviennes se sont abattues sur la capitale Kinshasa vendredi 4 avril dans la soirée et une partie de la journée de samedi. Dans plusieurs quartiers de la ville, il y a eu des inondations, des éboulements et des glissements de terrains.

Vers le sud de Kinshasa, la route reliant Matadi à la capitale de la RDC a été en partie coupée dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 avril en raison d'éboulements. De l'autre côté de la ville, à l'est, c'est la rivière Ndjili, qui sépare les communes de Limete et Matete de celles du district de la Tshangu, qui est sortie de son lit.

Les eaux se sont répandues sur la chaussée du boulevard Lumumba, bloquant la circulation notamment en destination de l'aéroport de Kinshasa. Depuis, la circulation est au point mort et de nombreuses personnes sont bloquées.

Nous rencontrons Yannick, qui se propose de nous servir de guide. Depuis samedi, il ne peut plus quitter Kinshasa. Impossible pour lui de retourner vers Ndjili où il habite. La route est totalement inondée. « Normalement, ici, ce sont les voiture qui roulent. Mais là, vous voyez qu'il n'y a que des piétons. Avec les pluies, la rivière a débordé et on ne peut plus passer », explique-t-il.

Des conducteurs à l'arrêt depuis 24 heures

Pour atteindre les lieux où la rivière est sortie de son lit, il faut slalomer à pied entre des voitures et surtout beaucoup de camions à l'arrêt. Ils ont été pris par surprise lors de la montée des eaux. Les conducteurs comme JP sont donc bloqués depuis samedi soir. « Il était vers 16h30 quand on a terminé nos activités en ville. On a pris la route du retour et on s'est totalement retrouvés bloqués ici avec mes frères », confie le chauffeur.

Effectivement, à ses côtés, il y a Christian. Ce dernier raconte sa nuit passée le long de la route : « Heureusement, on avait un peu d'argent pour acheter des jus et tenir jusqu'ici. Nous n'étions pas les seuls cette nuit, il avait vraiment beaucoup de monde. » Ils attendent que le niveau de l'eau soit assez bas pour pouvoir y engager la voiture sans risque de noyer le moteur.

Cette crue soudaine, c'est une situation qu'Arnold et Casimir, deux Kinois de naissance, disent n'avoir jamais connue : « Il y a bien parfois des inondations, explique le second, mais jamais à ce niveau là, alors que je vis ici depuis 1972. Ma maison a pris l'eau et tout mon matériel de travail est totalement fichu. »

La route de l'aéroport coupée

Cette route relie une partie de la ville, et notamment le centre, à l'aéroport de Ndjili, le plus important de Kinshasa. C'est de Ndjili que partent tous les vols internationaux. Depuis samedi après-midi, beaucoup de passagers sont donc bloqués de chaque côté du pont. Pour ceux qui arrivent, il faut trouver un hôtel, le temps de la décrue. Pour ceux qui partent, il faut trouver un moyen de rejoindre le terminal.

Joël doit prendre son vol pour Paris, mais cela fait deux heures qu'il tourne autour de la rivière inondée, en vain. Il a bien envisagé de prendre un bateau pour faire la liaison, sauf que les prix sont rédhibitoires : entre 150 et 200 dollars par passager pour un bateau privé. Le ministère des Transports a annoncé la mise en place de navettes fluviales, mais sans donner plus de détail.

« Je ne sais pas du tout comment je vais faire. Je pense que ma seule solution, c'est de marcher à pied et de passer dans l'eau. On me dit qu'elle arrive à la taille ou à la poitrine, ça doit pouvoir se faire », lâche Joël. Sur place, des jeunes hommes moyennant une dizaine de dollars se proposent de porter les valises et même les personnes qui n'ont plus d'autres choix pour ne pas rater leur vol.

D'autres services ont été aussi touchés par ces pluies diluviennes. L'alimentation en eau et en électricité reste encore compliquée pour certains quartiers, mais les autorités se veulent rassurantes. Elles se sont d'ailleurs rendues sur le terrain, comme la vice-ministre de l'Intérieur, Eugénie Tshiela Kamba, rencontrée sur le lieu des inondations : « Je suis là parce que je dois être proches des gens. J'ai constaté que c'était une catastrophe naturelle, mais il faut mettre des mesures en place pour cela ne se reproduise pas. »

Tous espèrent désormais une décrue rapide pour que l'activité puisse reprendre. Néanmoins, le ciel reste menaçant sur la capitale. Les prévisions météorologiques annoncent un nouvel épisode pluvieux pour le début de semaine.

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