Le Musée des Civilisations Noires a accueilli une projection du documentaire Les Femmes de l'Indépendance, réalisé par Diabou Bessane. Cet événement, qui s'inscrit dans la programmation "2025, Année des Femmes Noires", a été l'occasion de mettre en lumière le rôle souvent méconnu des femmes africaines dans les luttes pour l'indépendance et leur absence criante dans les récits historiques officiels. La projection a été suivie d'un débat.
Le film de Diabou Bessane, réalisé il y a plus de dix ans, revient sur les contributions des femmes sénégalaises et africaines dans les mouvements d'indépendance. À travers des témoignages poignants et des archives rares, le film expose comment ces femmes ont milité, résisté et construit, pourtant sans reconnaissance dans les livres d'histoire. "Ce silence n'est pas une omission, c'est une violence", a déclaré Bessane lors des échanges. Elle a souligné l'importance de transmettre cette mémoire aux générations futures pour une histoire plus inclusive et juste.
Des échanges interactifs
La séance de questions-réponses a révélé un public touché par le film et préoccupé par les enjeux de mémoire et de représentation des femmes. Plusieurs intervenants ont exprimé leur frustration face à l'absence chronique des femmes dans les récits historiques et les politiques publiques. Une participante a notamment déploré le manque de visibilité des femmes lors des célébrations officielles, comme le 65ème anniversaire de l'indépendance du Sénégal, où seulement deux femmes étaient mises en avant.
Diabou Bessane a partagé les défis liés à la diffusion du film, notamment les difficultés à intégrer son contenu dans les programmes scolaires. Malgré des efforts pour le présenter dans des lycées et universités, elle a regretté le manque de soutien institutionnel. "Nous faisons ce travail à petite échelle, mais il mériterait d'être amplifié", a-t-elle expliqué, tout en annonçant travailler sur une nouvelle version du film, cette fois à l'échelle africaine.
La réalisatrice a salué l'initiative du Musée des Civilisations Noires et appelé à une mobilisation collective pour soutenir les projets mettant en avant les femmes. "Le combat pour la mémoire est politique", a-t-elle rappelé, insistant sur la nécessité de donner aux femmes les moyens de raconter leur propre histoire.
La projection s'est achevée sur une note d'optimisme. Le public a félicité Diabou Bessane pour son travail pionnier, tout en soulignant l'urgence de multiplier les initiatives similaires. Comme l'a résumé une spectatrice : "Ce film est un appel à l'action. Il est temps que les femmes ne soient plus des ombres dans notre histoire, mais des actrices visibles et célébrées."