Afrique: CAN U-17 - L'Égypte se relève et croit à nouveau en son destin

Alors qu'elle se dirigeait vers une sortie de route prématurée dans cette Coupe d'Afrique des nations U-17, l'Égypte a renversé le Cameroun (2-1), dimanche soir à Mohammédia et s'est offert une place en barrage pour la Coupe du Monde U-17 2025. Une victoire arrachée avec les tripes, symbole d'un état d'esprit retrouvé, que le sélectionneur Ahmed Abdou Abdelaziz a tenu à souligner.

Ce n'était pas un simple match de poule. C'était un virage décisif pour une génération égyptienne jusque-là en difficulté. Dans un stade acquis à la cause camerounaise avec de nombreux supporters, les jeunes Pharaons ont livré leur prestation la plus aboutie du tournoi, dominant les Lionceaux qui avaient pourtant ouvert le score. Mais cette fois, les têtes ne se sont pas baissées. L'Égypte a répondu, a insisté, et a fini par s'imposer 2-1 grâce à un sursaut d'orgueil salutaire.

Une première mi-temps crispée, une réaction salvatrice

Il aura fallu un électrochoc. Menés à la demi-heure de jeu après un but d'Emini Zibi pour le Cameroun, les Égyptiens semblaient à nouveau retomber dans leurs travers approximations techniques, fébrilité dans les duels, et incapacité à tenir le ballon dans les trente derniers mètres. Mais cette fois, ils n'ont pas plongé. Mieux, ils ont progressivement retrouvé leur ligne directrice.

Le déclic est venu peu avant la pause. Suite à une faute sur la surface, Abdel Karim convertit le penalty (43e) et remet les deux équipes à égalité. Plus qu'une délivrance. Un tournant.

À l'énergie, à la foi, l'Égypte pousse, harcèle, oblige les Camerounais à reculer. À la 66e minute, El Zogby se retrouve à la réception d'un centre tendu : sa frappe est limpide, son cri de joie l'est tout autant. L'Égypte passe devant. Et ne lâchera plus.

Un groupe sous pression, un sélectionneur en première ligne

Ce succès n'est pas seulement un résultat comptable. Il est surtout le fruit d'un travail mental. Dans un contexte tendu, marqué par les critiques après deux prestations initiales décevantes, (ndlr : défaites face à l'Afrique du Sud 4-3 et Burkina Faso 2-1) Ahmed Abdou Abdelaziz a su protéger ses joueurs. À l'issue de la rencontre, le sélectionneur égyptien est longuement resté sur la pelouse, bras ouverts vers ses joueurs, les yeux humides. Puis il s'est exprimé, avec des mots forts :« Je remercie énormément les joueurs. Ils ont montré un véritable esprit patriotique. Ils savent ce que signifie jouer pour l'Égypte, ce que représente ce maillot. »

La voix tremble parfois, mais la détermination est intacte. L'ancien attaquant des pharaons se savait attendu au tournant. Il l'a assumé. Et il a refusé de céder à la facilité du bouc émissaire. « Peut-être que certains ne connaissent pas bien nos joueurs, qu'on n'a pas bien entendu nos voix, mais moi j'étais heureux aujourd'hui. Ce qui comptait pour moi, c'était leur état d'esprit. »

À 16 ou 17 ans, difficile de porter le poids d'une nation amoureuse de son football, mais prompte à juger. Abdelaziz n'élude rien :« Ils sont encore très jeunes, ils ne peuvent pas supporter une pression aussi énorme ou des critiques aussi dures. Moi, j'ai vécu ce genre de choses. Je sais ce que c'est que d'être sous pression ou critiqué de manière non constructive. »

Une renaissance, plus qu'une qualification

Au-delà du barrage qualificatif pour la Coupe du Monde, c'est un souffle nouveau que l'Égypte vient de libérer. Une confirmation que cette génération mérite du temps, de la patience, et un minimum de sérénité. Le message est clair : il faudra désormais compter avec elle.

Les barrages, qu'ils affronteront le 12 avril à El Jadida face à l'équipe qui finira à la troisième place du Groupe D, ne seront pas une formalité. Mais cette victoire a offert plus qu'un ticket pour la suite. Elle a soudé un groupe, elle a donné du crédit à un projet. Elle a surtout permis à ces jeunes garçons de croire à nouveau en eux-mêmes.

Le sélectionneur le sait : « On avait besoin de cette victoire, elle signifie beaucoup. Elle va nous aider pour la suite du tournoi. »

Cette victoire ne leur ouvre pas seulement la porte des barrages, elle leur rend surtout les clés de leur propre avenir. À Mohammédia, l'Égypte a retrouvé son souffle, sa fierté, et peut-être un peu de son identité. Il ne reste plus qu'un pas à faire pour que cette renaissance prenne la forme d'un billet pour la Coupe du Monde U-17.

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