Un piano à queue donne toujours de l'étoffe à une scène. Hier au Cc Esca Antanimena, il fallait cet instrument pour honorer deux patrimoines vivants de la musique nationale. Pas de chichis, Henri Raytsimbazafy trône encore du haut de ses 90 ans et plus. Tandis que la voix de Salomon, membre fondateur et seul survivant du trio Kintana Telo, ignore les ravages du temps.
Le voyage en douceur pouvait alors commencer, Salomon signe comme jamais ses succès en duo. De son côté, Dear Henri accompagne sa prestation d'une présence scénique incroyable pour son âge. Dans une salle comble, le public dominé par des retraités, les deux monstres sacrés ont tenu plus de deux heures de spectacle. « Anao no nindramiko » d'Henri Ratsimbazafy est interprétée avec une intensité et une humilité uniques. La salle communie. Dans les loges, ça bouillonne. La complicité entre les musiciens, les chanteurs et les invités apporte une autre dimension à ce moment.
Salomon, sur Tsy sahiko - reconnaissable entre mille et chanson signature de l'artiste - a littéralement scotché la salle. Les souvenirs sont sans doute remontés à la surface.
Entouré de choristes (il le fallait bien), Dear Henri a illuminé le spectacle, et Salomon l'a sublimé.