Plus de Rs 2,6 milliards. C'est le montant colossal que le ministère de la Santé a déboursé au cours des quatre dernières années pour le paiement des heures supplémentaires. Cette information du tout dernier rapport de l'Audit révèle l'ampleur des dépenses engagées pour assurer le bon fonctionnement du système hospitalier. Pourtant, malgré ces chiffres impressionnants, une réalité bien plus sombre persiste dans les coulisses des hôpitaux : de nombreux employés, notamment les attendants affectés à l'hôpital Jawaharlal Nehru, à Rose-Belle, attendent toujours de toucher leur dû.
Depuis plus de dix mois, ces travailleurs de l'ombre, indispensables au quotidien des établissements de santé, réclament le paiement de leurs heures supplémentaires. Fatigués, frustrés et inquiets, ils dénoncent une injustice persistante à laquelle aucune solution n'a encore été apportée. L'espoir que le ministre Anil Bachoo prenne à bras-le-corps leur situation reste pour l'instant lettre morte.
La peur est désormais ancrée dans leur quotidien. Peur de se plaindre, peur de s'exprimer, peur surtout de subir des représailles. Car derrière les couloirs aseptisés de l'hôpital, la parole est muselée. «On ne sait plus à qui s'adresser sans craindre d'être transféré», confie un employé, visiblement abattu, qui préfère garder l'anonymat. Il raconte que dans leur service, les employés sont bien conscients que certaines catégories de personnel sont priorisées. «On nous a dit clairement que les médecins et les infirmiers sont plus importants que nous. Du coup, ils reçoivent leurs heures supplémentaires dans les délais, contrairement à nous.» Une inégalité de traitement qui crée un profond sentiment d'injustice et de relégation.
Pourtant un rôle essentiel
Et pourtant, ces attendants jouent un rôle central dans le bon fonctionnement des structures hospitalières. Leur mission : maintenir les lieux propres, déplacer les patients, assister le personnel soignant. Un travail exigeant, parfois pénible, qui demande présence, rigueur et discrétion. «Sans nous, les salles resteraient sales, les patients ne pourraient pas être correctement pris en charge. Comment peut-on espérer leur guérison dans un environnement insalubre ?», s'interroge notre interlocuteur.
Malgré cette réalité incontestable, leur contribution semble passer inaperçue. Pire encore, ceux qui osent dénoncer les dysfonctionnements se retrouvent sanctionnés. «Un de nos collègues a eu le courage d'écrire au ministère de la Santé pour exposer notre situation. Résultat ? Il a été transféré dans un autre service où il ne peut plus faire des heures supplémentaires. On l'a pris comme un avertissement.»
Situation financière précaire
La situation est d'autant plus grave que nombre de ces travailleurs comptent sur les heures supplémentaires pour subvenir à leurs besoins. «Cet argent sert à rembourser des prêts, à payer les études des enfants ou à effectuer de petits travaux à la maison», expliquent-ils. Le non-paiement de ces sommes, accumulées depuis des mois, plonge plusieurs familles dans l'insécurité financière.
D'après les informations recueillies, plus de 80 personnes seraient concernées par cette situation à l'hôpital de Rose-Belle. «Est-ce qu'on ne vote pas un budget chaque année pour couvrir ces dépenses ? Pourquoi sommes nous toujours dans l'attente ?», questionne un autre employé. Le sentiment d'être mis de côté, de ne pas être reconnus à leur juste valeur les ronge un peu plus chaque jour.
Du côté syndical, Amarjeet Seetohul, président de la Ministry of Health Employees Union, tire la sonnette d'alarme. Ce n'est pas la première fois qu'il interpelle les autorités sur ce problème. «Il y a beaucoup d'employés dans la santé publique qui n'ont toujours pas été payés pour leurs heures supplémentaires.» Il souligne également la nécessité de faire la lumière sur de possibles abus. «S'il y a eu des irrégularités, qu'on enquête. Mais qu'on ne pénalise pas ceux qui ont réellement travaillé. Il faut cesser de protéger ceux qui ont fauté et penser d'abord à ceux qui attendent leur dû.» Les attendants de l'hôpital de Rose-Belle, eux, n'attendent qu'une chose : que justice leur soit rendue. Et que leur voix, longtemps ignorée, soit enfin entendue.
Justice pour les dialysés décédés
Par ailleurs, samedi, proches et amis des dialysés décédés à l'hôpital de Souillac pendant la pandémie de Covid-19 ont marché de l'hôpital à la plage de Telfair pour leur rendre hommage. Bose Soonarane, secrétaire de la Renal Disease Patients' Association, a appelé les familles à saisir la justice pour obtenir réparation, d'autant que ces décès sont survenus dans des circonstances troublantes. Il a également appelé le ministère à recruter du personnel soignant pour soutenir les dialysés et alléger la charge de travail des équipes en place.
Le junior minister aux Affaires étrangères, Rajen Narsinghen, présent à la marche, a rappelé les graves conclusions du Fact Finding Committee et du Medical Negligence Standing Committee, qualifiant l'affaire de «négligence criminelle». Il a proposé une aide juridique à l'association pour identifier les responsables et a suggéré que le Medical Council et le Nursing Council mènent des enquêtes. Concernant la stèle, il a indiqué qu'elle pourrait être installée ailleurs à Souillac pour éviter un précédent.