Alors que le projet Base Toliara continue de susciter débats et préoccupations, le ministre des Mines, Herindrainy Olivier Rakotomalala, a livré une série de précisions visant à éclairer les enjeux réels de cette initiative minière.
Contrairement aux idées reçues, le site d'extraction ne se situe pas au coeur de la ville de Toliara ni sur le littoral. Le gisement se trouve à Ranobe, à environ 46 kilomètres au Nord de la ville. Les plages les plus souvent citées parmi les zones à risque, telles que Mangily et Ifaty, sont distantes respectivement de 16 et 18 kilomètres de la zone de projet. Ces précisions sont du ministre des Mines, qui est intervenu sur la chaîne nationale vendredi dernier, pour clarifier certains contours du projet.
Il ne s'agit donc ni d'une exploitation urbaine ni d'une activité installée sur des sites balnéaires. Selon le ministre, aucune localité n'existe dans la zone d'extraction, hormis quelques pâturages et des activités agricoles à petite échelle. Concernant la forêt des Mikea, souvent évoquée, elle serait séparée de la zone minière par plusieurs kilomètres, écartant ainsi tout impact direct sur les populations autochtones ou sur des écosystèmes sensibles.
À Andaboy, les travaux porteront exclusivement sur la construction d'une jetée pour l'exportation du minerai, sur une superficie de deux hectares seulement, soit une infime partie d'un ensemble côtier de 1 000 hectares. Le site, intégré au plan d'urbanisme directeur de la ville, permettra le développement d'infrastructures logistiques modernes, selon le ministre des Mines, Olivier Herindrainy Rakotomalala. Les camions transportant les produits extraits n'emprunteront pas les voies traversant la ville mais se dirigeront directement vers cette nouvelle infrastructure portuaire. Le ministre assure également que les activités de pêche ne seront pas compromises : la jetée est conçue de manière à permettre aux pirogues locales de circuler librement grâce à des pieux surélevés, a-t-il affirmé.
6 000 USD
Au coeur des inquiétudes figurent également la question de la radioactivité potentielle, liée à la présence annoncée de monazite, un minéral contenant des terres rares. À ce sujet, le ministre a tenu à préciser que le permis d'exploitation actuellement en vigueur concerne l'ilménite, le zircon et le rutile, et n'inclut pas encore le monazite. L'intégration de ce dernier fait actuellement l'objet d'une mise à jour des paramètres techniques et des cahiers des charges.
Il souligne que la valeur stratégique de la monazite, utilisée dans les technologies de transition énergétique et numérique, constitue un levier majeur dans les négociations avec l'opérateur, permettant de maximiser les retombées économiques pour l'État malgache. Le contraste est frappant : quand une tonne d'ilménite se négocie autour de 200 dollars, la tonne de monazite dépasse aujourd'hui les 6 000 dollars sur le marché mondial.
Sur le plan environnemental, l'extraction ne concerne que 6% des sols traités, les 94% restants étant restitués une fois les minéraux extraits. Au sein de ces 6%, seulement 2% sont constitués de monazite, dont 0,3% seulement contient une faible concentration d'uranium, source potentielle de radioactivité. Si le ministre reconnaît la nécessité de surveiller ces aspects, il rappelle que le Code minier révisé impose désormais des mesures strictes en matière de santé publique et de sécurité environnementale. La logique est donc celle d'une extraction maîtrisée, doublée d'une restitution systématique des sols après traitement.
700 millions USD
Au-delà de ces aspects techniques, le projet s'inscrit dans une ambition économique nationale assumée. Le ministre réaffirme que Madagascar ne peut plus laisser ses ressources minières inexploitées. Pour lui, les richesses naturelles du pays ne deviendront de véritables leviers de développement qu'à travers une valorisation industrielle encadrée et sécurisée. Le projet Base Toliara représente à ce jour un investissement de plus de 700 millions de dollars, porté par un groupe américain coté en bourse, ce qui en renforce la crédibilité et la transparence selon les autorités.
Les retombées économiques attendues sont significatives. Le projet prévoit un financement de projets nationaux à hauteur de 40 millions de dollars, un soutien spécifique à la région Atsimo Andrefana équivalant à 40 millions supplémentaires, ainsi qu'un appui annuel de quatre millions de dollars destiné aux communes directement concernées, auquel s'ajoute une redevance croissante de 2% par an. Sur toute la durée du projet, estimée à 38 ans, les revenus cumulés pour l'État malgache pourraient atteindre 5 milliards de dollars.