Bénin: Débats autour d'une loi qui interdit aux rois et chef traditionnels de s'impliquer en politique

Au Bénin, une loi pour reconnaître et réorganiser la chefferie traditionnelle a été votée le mois dernier par les députés. On attend sa promulgation pour son application. Une partie de cette loi interdit l'implication des rois et chef traditionnels dans la politique. Ils doivent s'abstenir de toute activité politique et faire preuve de réserve et d'impartialité sous peine de sanction, dit la loi. Détails.

Plus de roi, de chef supérieur ou coutumier membre d'un parti politique, plus de tête couronnée avec un mandat électif : la loi votée au Bénin est claire, elle leur interdit formellement de faire de la politique. C'est « incompatible », selon le président de la commission des lois du Parlement. La République attend d'eux « un devoir de neutralité et de réserve ». Ils ont toujours été très actifs lors des élections.

Contre parfois des libéralités, des candidats les sollicitent pour bénédictions, soutiens et mobilisation d'électeurs. Certains sont même positionnés comme candidats sur des listes de partis.

Tout manquement à cette interdiction peut coûter avertissement, suspension ou retrait de l'acte de reconnaissance. Une loi votée qui reconnaît 16 royaumes, 80 chefferies supérieures et 10 chefferies coutumières.

On attend sa promulgation. À la date du 4 avril 2025, elle ne l'était pas, renseigne une source.

Cette réforme ne fait pas l'unanimité. Au lendemain du vote, il y a ceux qui critiquent cette exclusion de la politique et le mécontentement de ceux qui n'ont pas obtenu leur reconnaissance.

« Je sais qu'il y a beaucoup de mécontents, mais j'exhorte à l'apaisement »

Sa Majesté Gangouro Souambou, le roi de Kika, au nord du pays, dans la commune de Tchaourou, connaît bien cette réforme. Il est le secrétaire général du Haut Conseil des rois du Bénin. Il évoque les oubliés de la loi, leur demande de ne pas désespérer. « Une loi est modifiable », dit-il. Il reconnait qu'elle met de l'ordre et rend les royaumes et chefferies traditionnelles plus crédibles : « La loi a été confectionnée et adoptée. Il faut laisser faire son cours pour qu'on puisse quand même avoir une chefferie crédible. On ne se respectait pas nous-mêmes, les gens ne nous respectaient pas également. Aujourd'hui, avec cette loi, il y aura un ordre même au niveau des préséances. La royauté quand même retrouve sa noblesse. Le Haut Conseil apprécie cette loi, quand bien même il y a des défaillances. Il y a certains qui ont été omis oubliés. Moi, je ne suis pas au tréfonds. »

Il poursuit : « Dans la commission commise par le chef de l'État, les gens ont travaillé. Je sais qu'il y a beaucoup de mécontents, mais j'exhorte à l'apaisement. C'est un début. Depuis l'indépendance jusqu'à ce jour, cette loi nous permet quand même d'avoir une boussole. Je crois que tout est modifiable, tout est possible. Une loi, ce n'est pas quelque chose d'éternel. Une loi est modifiable à tout moment. C'est pourquoi je demande à ceux qui n'ont pas été retenus de ne pas tellement s'affoler. »

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