Sénégal: 'Symbil et le décret royal' de Fatimé Raymonde Habré, dénonce l'esclavage et la traite négrière

Dakar — "Symbil et le décret royal", de Fatimé Raymonde Habré, grand prix du livre féminin "Ken Bugul", dénonce et peint un tableau sombre de l'esclavage, et de la traite négrière en Afrique, dont les descendants continuent de subir le poids de la terreur.

Edité en 2023, par les éditions du "Carré Culturel", ce roman de 104 pages, raconte l'histoire d'une jeune sahélienne de 15 ans, victime d'un enlèvement, puis d'un trafic d'être humain, qui se retrouve esclave dans un royaume arabe pendant plusieurs décennies. Loin des siens, cette jeune femme enlevée puis vendue dans un royaume, par les trafiquants, a dû se résigner à l'idée de revoir un jour sa famille, en se concentrant sur les tâches dont elle était assignée.

Entre injustice, domination et résignation, la jeune femme qui par le temps devint une vieille dame, bénéficie d'un décret royal lui permettant de quitter le harem pour retrouver les siens. Après tant de difficultés pour arracher cette liberté acquise par décret royal, grâce aux réformes apportées par le nouveau Roi, Symbil, a pu retrouver sa famille.

Ayant tissé des relations avec des occidentaux, le nouveau roi, devait apporter des réformes, notamment au sein de son harem, théâtre de plusieurs crimes, abus, atrocités durant plusieurs décennies.

Symbil ou Aïcha une identité acquise au palais royal, s'est finalement vue contrainte d'utiliser un secret caché pour arracher sa liberté auprès du gouverneur du nom d'Abdelkader, retissant d'exécuter cette loi, au nom des valeurs du Royaume, qu'il fallait à tout prix préserver.

Soixante-cinq ans après sa capture et à l'âge de 80 ans, Symbil retrouve enfin sa famille, notamment sa soeur jumelle Sakina, leur amie d'enfance Hadjé Kaltouma, son homonyme et petite fille de sa soeur, ses neuves et nièces, ainsi que ses parents proches et lointains.

Symbil avait quitté le Royaume avec un coeur lourd pour avoir laissé son mentor, parrain et ami, Naïm, un énuque du roi qui avait sauvé sa vie et celle de son fils, prince héritier, dont elle venait à peine d'apprendre l'existence.

Identité, profondeur et dénonciation

Ce livre qui pourrait être perçu aux yeux du lecteur comme une fiction, met en lumière l'aspect identitaire de chaque peuple à travers le monde. Il privilégie l'insolemment des individus dans un monde qui n'est pas le leur, avec des arguments profonds utilisés par l'auteure pour dénoncer l'esclavage.

L'auteure met en valeur la tradition sahélienne, la castration des esclaves hommes, des rites ancestraux, en utilisant un style direct avec des phrases simples et courtes. Dans lesquelles on retrouve parfois un poème mélancolique exprimant la peine causée par l'esclavage.

"Symbil et le décret royal" est une dénonciation de l'esclavage et du trafic des êtres humains dont les familles africaines ont été victimes durant l'époque coloniale. Il met en lumière, cette hypocrisie existant au sein des Etats africains, incapables de demander des comptes, au nom de la diplomatie.

Ce roman couronné par le grand prix "Ken Bugul", est visiblement un clin oeil sur les réalités africaines, à travers un passé macabre, un présent et un futur probablement incertain. L'auteure exprime un moyen subtil d'apprendre, de voir et de comprendre les frasques d'une Afrique antique ayant été décimée par la traite négrière. Il y a au-delà de ce narratif, une volonté ferme de l'auteure à mettre en lumière, les méfaits d'un passé tragique dont a souffert l'Afrique des siècles durant.

Ce roman est aussi une sorte de dénonciation de cette diplomatie rendant les dirigeants africains incapables de sortir des cadavres du placard. Il est aussi une sorte d'éveil de conscience sur la lutte pour la liberté. L'auteure démontre qu'au sein de chaque prison dorée règne des atrocités que personne ne dénonce au nom d'une soi-disant loyauté. Un appel, a dénoncé et à mettre fin à ces atrocités qui sont toujours d'actualité de nos jours.

Fatimé Raymonde Habré, est juriste de formation. Elle dirige au Sénégal un espace culturel dénommé "Carré Culturel". Elle est également auteure d'un autre ouvrage intitulé "Afrique débout".

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