Ile Maurice: Le pays en veille face aux implications du choc tarifaire

Le monde vit depuis le 2 avril une guerre commerciale avec une salve de taxes douanières imposées par l'administration Trump sous forme de décret, allant de 10 % à 80 %, tant sur des pays développés que sur des pays pauvres. Maurice ne fait pas exception avec des droits de douane de 40 % sur ses exportations vers le marché américain. Depuis, c'est l'onde de choc parmi les exécutifs du pays, les différents stakeholders et les opérateurs économiques.

En attendant que le Premier ministre, Navin Ramgoolam, puisse rencontrer l'Américain Donald Trump et le convaincre de revoir sa décision, comme il l'a dit lui-même lors du coup d'envoi des consultations pré-budgétaires le lendemain de cette surprenante annonce, chacun, allant des ministres concernés aux institutions du privé, tente de comprendre et de cerner les implications d'une telle mesure sur les exportations du pays vers le marché américain.

Cependant, les spécialistes ne croient pas pour autant qu'il faille faire preuve de catastrophisme, car les exportations de Maurice vers les États-Unis ne représentent que 11 %, le principal produit exporté étant le macaque, suivi du textile, du sucre et des équipements médicaux, entre autres. Maurice a exporté l'année dernière pour une valeur de Rs 10,6 milliards vers le pays de l'Oncle Sam et n'en a importé que pour Rs 2,2 milliards, occasionnant ainsi un excédent commercial de Rs 8,4 milliards.

Pour autant, il ne faut pas diminuer l'importance des États-Unis comme partenaire commercial, même si tout dépendra de l'élasticité de la demande au niveau des échanges commerciaux du pays, explique l'analyste financier Imrith Ramtohul. «Une forte demande d'un pays peut compenser la baisse des exportations vers un autre partenaire comme les États-Unis, car il va de soi que cette mesure va rendre les produits mauriciens moins compétitifs sur le marché américain, avec des droits de douane de 40 %.»

Explorer d'autres pistes

Encore qu'avec un dollar qui a perdu 3,2 % vis-à-vis de la roupie depuis une semaine suivant l'annonce de la nouvelle politique tarifaire des États-Unis, cela représente pour les exportateurs des revenus moindres à terme.

Face à la démarche de la nouvelle administration américaine de remodeler le commerce mondial en érigeant une muraille douanière comme le reste du monde, le gouvernement a mis en place un groupe de travail au ministère des Affaires étrangères, qui a aussi le portefeuille du Commerce international, pour discuter des éventuelles répercussions de cette mesure politique et des actions à envisager pour Maurice, en concertation avec les autres stakeholders publics et privés, notamment la Mauritius Chamber of Commerce and Industry, la Mauritius Export Association et Business Mauritius.

Le ministre des Affaires étrangères, Ritesh Ramful, attend surtout «des éclaircissements de la part des États-Unis sur la méthodologie utilisée pour imposer un tarif de 40 % sur les marchandises exportées vers les États-Unis», mais aussi de pouvoir clarifier la question de savoir si ce tarif s'appliquera aux marchandises exportées dans le cadre de l'African Growth and Opportunity Act. Car, une fois des éclaircissements obtenus sur ces deux sujets, le ministère, nous dit-il, engagera des négociations bilatérales ou multilatérales pour revoir ces droits de douane à la baisse.

Selon d'autres spécialistes, il faudra explorer d'autres pistes, dont la réduction de la dépendance de Maurice vis-à-vis du marché américain. L'Union européenne, l'Afrique et d'autres économies émergentes pourraient représenter, disent-ils, des opportunités intéressantes pour les exportateurs mauriciens, tout en rehaussant parallèlement la compétitivité des produits mauriciens, ce qui passerait par l'innovation technologique ainsi que par l'optimisation des chaînes d'approvisionnement.

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