Au Cameroun, il n'y a pas de réaction officielle, pour l'instant, après la résolution adoptée à l'unanimité, en fin de semaine dernière, par le Parlement européen. Une résolution qui condamne la « persécution » des journalistes dans le pays, notamment les cas d'Amadou Vamoulké, Kingsley Fomunyuy Njoka, Mancho Bibixy, Thomas Awah Junior et Tsi Conrad. Le Parlement européen, indépendant des autres institutions européennes, appelle à leur libération et au respect de la liberté de la presse, dans la perspective de la présidentielle cette année.
Le texte du Parlement européen rappelle que l'Union européenne est le principal partenaire commercial du Cameroun. Pour la députée européenne Rima Hassan, membre du groupe de La Gauche, travaillant pour la sous-commission des droits de l'homme au sein de la Commission des Affaires étrangères au Parlement européen, il était crucial que le Parlement prenne position.
« Ce qui était important pour nous de défendre dans ce texte, c'était les droits des journalistes, la nécessité qu'ils soient protégés, ne serait-ce que d'exprimer une solidarité envers ces journalistes et envoyer un message, je pense assez clair, sur le fait que le Parlement [européen] est attentif à la situation des journalistes dans le pays »,souligne Rima Hassan.
Pour l'eurodéputée, il faut réformer la loi anti-terroriste au Cameroun, mettre fin aux jugements de civils par des tribunaux militaires et soutenir la demande d'une mission des Nations unies sur les violations des droits humains, une demande déjà formulée par le Parlement européen, en 2021.
Même si cette résolution n'a aucun caractère contraignant, pour Cyrille Rolande Béchon, directrice de l'ONG Nouveaux droits de l'homme à Yaoundé, elle est la bienvenue : « Cette résolution représente beaucoup. Il faut dire que le silence des Européens, partenaires privilégiés du Cameroun, devenait agaçant. Un silence sur les situations gravissimes des droits humains vécues au Cameroun. Il faut réformer le système, que ce soit juridique, que ce soit politique, au Cameroun, pour combattre les violations structurelles des droits et libertés fondamentaux. »
La défenseuse des droits humains dit souhaiter que le gouvernement camerounais se saisisse de cette occasion pour faire évoluer les situations individuelles des journalistes mentionnés, ainsi que la situation plus globale des droits des citoyens camerounais.