Au Gabon, les candidats à l'élection présidentielle dont le premier tour aura lieu samedi 12 avril n'ont plus que quatre jours pour convaincre les indécis de voter pour eux à l'occasion d'une campagne qui ne ressemble en rien aux précédentes. Contrairement à celles - intenses et virulentes - de 2009, de 2016 et de 2023 où, pour l'opposition unie, l'enjeu était de faire tomber Ali Bongo par les urnes, le chef de la transition a cette fois rallié à lui la quasi-totalité du système politique. Résultat : la fièvre électorale est très relative.
A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle au Gabon dans laquelle huit candidats sont engagés, une seule présence - celle de Brice Clotaire Oligui Nguema - et un seul slogan - « C'est enfin notre essor vers la félicité » - envahissent les grandes artères de Libreville, la capitale. Visuellement, la campagne pour le scrutin a des allures de plébiscite en faveur d'un seul homme : le président de la transition. Résultat : dans les rues, la fièvre électorale des précédents scrutins présidentiels paraît bien loin...
« La répartition du temps de parole n'est pas très équitable, confirme ainsi Philippe au stand de nourriture d'une amie. On a l'impression que tout le monde vote "CTRI" [le Comité pour la transition et la restauration des institutions, la junte au pouvoir au Gabon depuis le coup d'Etat du 30 août 2023, NDLR] ! Mais pour proposer son projet, il ne suffit pas de passer sur un plateau télévisé : il faut aussi descendre dans les quartiers, dans les provinces, et là malheureusement, cela demande des moyens...», poursuit celui-ci.
Un peu plus loin, Annie, Syntiche et Murielle, trois amies qui partagent un jus sous un parasol devant une supérette, confient toutefois qu'elles apprécient ce calme apparent. « On ne ressent même pas qu'il y a des élections ! », lancent l'une d'entre elles.
Alors qu'à Libreville, dans la dernière ligne droite de la campagne, les Gabonais vaquent à l'ordinaire du quotidien, en province, celle-ci s'anime par soubresauts, au rythme des meetings du candidat Oligui Nguema dont les concurrents sont, eux, contraints à la débrouille : hormis quelques causeries dans des régions familières, leur stratégie se cantonne à tenter d'exister sur les réseaux sociaux.