Burkina Faso: Université virtuelle du Burkina Faso - Rasmané Daniel Sawadogo, nouveau docteur en médiation et gestion des conflits miniers

Rasmané Daniel Sawadogo a soutenu sa thèse de doctorat en sciences politiques à l'université virtuelle du Burkina Faso, sur le thème : « Médiation et gestion des conflits dans le secteur minier », le samedi 5 avril 2025, à Ouagadougou.

A l'heure où les tensions autour des exploitations minières se multiplient au Burkina Faso, une voix s'élève pour proposer une voie de sortie pacifique : celle de la médiation. En effet, le désormais docteur Rasmané Daniel Sawadogo a soutenu sa thèse de doctorat en sciences politiques à l'Université virtuelle du Burkina, sur le thème :

« Médiation et gestion des conflits dans le secteur minier », le samedi 5 avril 2025, à Ouagadougou. Un travail qui a reçu la plus haute distinction académique : la mention « Très honorable ».

Selon l'impétrant, sa recherche met en lumière les tensions croissantes entre sociétés minières et communautés riveraines, souvent liées à l'occupation des terres, au non-respect des engagements et à l'exclusion des populations locales des décisions. Pour lui, la problématique centrale de la recherche interroge l'efficacité de la médiation comme alternative à la justice classique. Il a confié que l'étude distingue plusieurs formes de médiation dont celle conventionnelle, judiciaire ou encore institutionnelle, avec à la clé trois objectifs. Il s'agit de démontrer l'utilité de la médiation, mettre en valeur ses avantages, et explorer son potentiel pour favoriser la cohabitation entre les parties.

A travers une enquête menée auprès de 247 personnes dans cinq communes, M. Sawadogo a démontré que la médiation permettrait non seulement de résoudre plus rapidement les litiges, mais aussi de préserver les relations sociales. Et cela à partir d'une méthodologie basée sur une combinaison d'analyses documentaires, d'enquêtes de terrain et d'entretiens.

« Les résultats montrent que 64 % des répondants reconnaissent l'existence de conflits liés à l'activité minière, dont les causes principales sont l'occupation des terres (66,68 %) et la non-réalisation des promesses (33,60 %) », a-t-il indiqué. En effet, aux dires de l'auteur, 85 % des conflits pris en charge par le Centre de médiation de Ouagadougou (CAMCO) ont été résolus avec succès, avec un coût trois fois inférieur et plus satisfaisant dont 5 millions F CFA contre 15 millions F CFA en justice classique.

Une thématique d'actualité et de pertinence nationale

Les résultats de l'étude montrent que la médiation est jugée satisfaisante par 80 % des personnes interrogées, contre seulement 40 % pour la justice étatique, a soutenu Rasmané Sawadogo.

L'auteur a ainsi plaidé pour l'institutionnalisation de la médiation, notamment par la vulgarisation des droits des communautés et la responsabilisation des sociétés minières, à former des médiateurs locaux et à sensibiliser les communautés. Il a suggéré aussi des pistes d'élargissement régional de la recherche, en intégrant la question de la médiation transfrontalière. M. Sawadogo a précisé que l'idéal serait une complémentarité entre justice étatique et médiation, afin de favoriser une société plus apaisée et résiliente face aux tensions minières.

Selon le président du jury, Alkassoum Maiga, tous les membres sont unanimes sur la qualité de la recherche. Selon lui, la pertinence du sujet réside dans son ancrage dans une actualité brûlante. « On est habitué à voir des tensions très vives entre les mines et les riverains, propriétaires terriens, orpailleurs, communes... », a commenté Alkassoum Maiga. Dans un contexte sécuritaire déjà tendu, toute initiative favorisant l'apaisement social mérite d'être encouragée, a-t-il estimé.

L'oral de l'impétrant a été salué pour sa clarté, sa structuration logique et sa capacité à répondre avec assurance aux questions du jury.

Son directeur de thèse, Vincent Zakané, a félicité son poulain pour sa résilience observée pour mener à bien ses recherches et la pertinence des idées développées. A l'issue de sa soutenance, Rasmané Sawadogo a annoncé envisager la création d'un cabinet dédié à la médiation, à la conciliation et à la formation. Une manière de prolonger son travail académique dans l'action concrète, au service de la société burkinabè.

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