Les États-Unis ont annoncé le 5 avril 2025 la révocation de tous les visas accordés aux ressortissants du Soudan du Sud, une décision inédite contre un pays étranger de la part de l'administration Trump. Les premiers concernés en ont reçu la confirmation par courriel ce 7 avril 2025. De son côté, Juba conteste les accusations américaines sur un refus de coopérer concernant l'acceptation de leurs citoyens expulsés. Les autorités sud-soudanaises affirment en effet avoir refusé l'entrée sur leur sol d'un Congolais inscrit, selon elles, par erreur, par Washington. Détails.
La polémique se poursuit autour de la révocation par les États-Unis des visas accordés aux Sud-Soudanais. Les premiers concernés ont reçu par courriel ce 7 avril 2025 la confirmation de l'annulation de leur visa par l'administration américaine. Un courriel au ton sec, leur intimant de ne pas essayer d'entrer aux États-Unis avec leur visa en cours de validité.
« Ils ont envoyé un courriel au langage rude, pas du tout aimable », comme Florence. Voilà comment cette fonctionnaire sud-soudanaise de 27 ans, habituée des séjours aux États-Unis, a appris que son visa étudiant, encore valide un an, était révoqué. Elle avait prévu de se rendre à Washington très prochainement pour entamer un master : « Je ne vais donc pas partir étudier. Cela me fait vraiment de la peine, pas que pour moi mais aussi pour les très nombreux jeunes Sud-Soudanais dont les études et donc le futur vont pâtir de cette décision. C'est vraiment très regrettable. »
À son arrivée à Juba, un expulsé a déclaré être congolais
Les autorités sud-soudanaises ont, quant à elles, réagi, contestant les accusations de Washington d'un refus de coopérer concernant l'acceptation de leurs citoyens expulsés des États-Unis. Le ministère des Affaires étrangères a en outre fourni des détails sur le cas particulier qui semble avoir provoqué l'ire de Washington : celui d'un Congolais inscrit, selon Juba, par erreur sur une liste de Sud-Soudanais devant être expulsés. Un homme auquel l'entrée au Soudan du Sud a donc été refusée.
Cet homme, identifié par Washington comme un Sud-Soudanais du nom de Nimeiri Garang, a en effet été expulsé vers Juba ce week-end. Or, à son arrivée, il a déclaré face aux autorités sud-soudanaises s'appeler Makula Kintu et être congolais. Il a donc été refoulé.
« Le gouvernement accueille tous ses citoyens »
Apuk Ayuel Mayen, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, insiste : « Le gouvernement du Soudan du Sud a maintenu de façon consistante une communication ouverte et une coopération avec les autorités américaines concernant les questions d'immigration et d'expulsion. Le gouvernement accueille tous ses citoyens, qu'ils reviennent de façon volontaire ou qu'ils soient expulsés. Le gouvernement regrette profondément qu'en dépit de cet historique de coopération et de partenariat le Soudan du Sud fait maintenant face à une vaste révocation des visas sur la base d'un incident isolé. »
Côté américain, le ton reste ferme : le secrétariat d'État explique que l'ambassade sud-soudanaise à Washington a « certifié » la nationalité de cet homme. Il sera prochainement à nouveau expulsé. Les États-Unis intiment à Juba de ne pas « aggraver davantage la situation ».