Congo-Kinshasa: Trop d'intervenants et de confusion, les contrats de lobbying avec des cabinets américains suspendus

En République démocratique du Congo (RDC), le président Félix Tshisekedi annonce la suspension immédiate - et jusqu'à nouvel ordre - de tout contrat de lobbying avec des cabinets américains. Décision annoncée ce 7 avril 2025 alors qu'un contrat en particulier fait polémique : celui qui a été conclu avec la firme Earhart Turner, dirigée par une ancienne de l'équipe de campagne de Donald Trump. Explications.

C'est un contrat de cinq millions de dollars, signé le 6 mars 2025 par Eberande Kolongele, tout juste nommé conseiller spécial en matière de sécurité du président Tshisekedi. Il confie à la firme américaine la mission de représenter la RDC auprès du Congrès des États-Unis, de l'exécutif et d'autres agences gouvernementales. Le contrat prévoit aussi un appui en communication stratégique ainsi que l'analyse de politiques liées à la sécurité nationale. Tout cela dans un contexte où Kinshasa cherche à conclure un accord minier avec Washington, en contrepartie d'un soutien dans le domaine sécuritaire.

Ce contrat est aujourd'hui suspendu. Et cette suspension intervient alors que plusieurs voix dénoncent la confusion créée par la multiplicité des intervenants. Depuis 2023, la RDC a en effet collaboré avec au moins quatre firmes de lobbying américaines, sans compter d'autres intermédiaires.

Des engagements sans mandat, selon la présidence congolaise

Cette année encore, de nouvelles firmes sont arrivées. Et les intervenants congolais se sont multipliés : dans les ministères, au sein du cabinet présidentiel, mais aussi au Sénat, où certains ont pris des engagements sans mandat, selon la présidence.

Ce manque de coordination a posé problème dans les discussions avec les Américains, qui ont exigé un seul interlocuteur.

D'après nos sources, Félix Tshisekedi a désigné un point focal, déjà présenté aux Américains. Son nom n'a pas encore été dévoilé publiquement.

La multiplicité des négociateurs mandatés pour parler au nom de l'État est un problème qui s'est déjà posé. Plusieurs sources confirment en effet à RFI que des projets majeurs, comme le développement du barrage de Grand Inga ou encore les appels d'offres pour les blocs pétroliers et gaziers, ont été entravés par ce même problème de multiplicité d'intervenants.

Cette désorganisation a été signalée formellement par le sénateur Jean Bamanisa, dans une lettre adressée la semaine précédente à la Première ministre, Judith Suminwa. Il y propose de structurer ces démarches, par exemple en séparant le lobbying politique du lobbying économique. Il suggère aussi que ce travail - d'experts, d'intermédiaires, de négociateurs et de lobbyistes - soit organisé et coordonné par l'Agence nationale pour la promotion des investissements (Anapi).

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.