La Cour pénale internationale (CPI) a confirmé ce 7 avril 2025 l'octroi de 52 millions d'euros d'indemnisation aux victimes d'un des principaux chefs de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), une guérilla qui a fait régner la terreur en Ouganda. Dominic Ongwen purge actuellement une peine de 25 ans de prison pour 61 chefs d'accusation, dont le meurtre, le viol et l'esclavage sexuel, dans le nord de l'Ouganda, au début des années 2000. Les victimes concernées par cette décision de la CPI oscillent entre soulagement et scepticisme.
La Cour pénale internationale (CPI) confirme l'indemnisation des victimes de Dominic Ongwen : 52 millions d'euros pour près de 50 000 victimes d'un des principaux chefs de la LRA, l'Armée de résistance du Seigneur. Une enveloppe record, dont l'issue était incertaine après l'appel déposé par Ongwen. Décision toutefois confirmée ce 7 avril 2025 par La Haye mais qui suscite un mélange de soulagement et de scepticisme.
Pour certaines victimes, c'est d'abord un sentiment de soulagement : la CPI a tenu bon, malgré le fait que Dominic Ongwen n'a pas les moyens de payer une telle somme.
Cette confirmation vise surtout à faire un exemple de Dominic Ongwen, reconnu coupable du massacre de plus de 130 civils entre 2002 et 2005.
« Ce montant n'est tout simplement pas à la hauteur »
Une décision donc bienvenue, mais bien trop tardive, estime Sam Okello, ancienne victime. « Je pense que cet argent est une insulte pour les victimes, lance-t-il au micro de Christina Okello. Quand on regarde ce montant, il n'est tout simplement pas à la hauteur de toutes les vies perdues, ni des souffrances subies pendant plus de vingt ans de guerre. Est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux lancer un vrai processus de reconstruction des communautés ? Si ce n'est pas fait sérieusement, ça ressemblera à un antidouleur, à de la morphine, alors qu'on pourrait soigner la maladie ». Et cette « maladie », dit-il, c'est la pauvreté.
Victor Ochen, autre survivant, alerte, lui, sur la dimension trop sélective du processus d'indemnisation, qui pourrait raviver des tensions. Seules les victimes de la région Acholi, au nord de l'Ouganda, ont été prises en compte, souligne-t-il. « Beaucoup se demandent : "Pourquoi notre situation a-t-elle été ignorée, alors qu'on habite à côté des communautés choisies pour être indemnisées ?" Le rôle de la CPI risque de diviser des communautés qui commencent à peine à panser leurs plaies, sur des lignes ethniques ou tribales, voire de provoquer encore plus de frustration si cette indemnisation n'est pas bien gérée. »
C'est le Fonds au profit des victimes de la CPI qui est chargé de verser les réparations. Mais pour l'instant, ni Sam ni Victor n'ont été contactés.