Sénégal: Casamance - Le terme 'femmes du bois sacré' apparu en 1982 (historien)

Ziguinchor — Le terme "femmes du bois sacré" est apparu en Casamance à la faveur du conflit armé qui a secoué la région depuis 1982, du fait des revendications indépendantistes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), a rappelé Ibrahima Ama Diémé, professeur d'histoire et géographie à la retraite et acteur culturel.

"Il y a des forêts sacrées dans tous les villages et hameaux de la Casamance maritime. Ces forêts sont classées sacrées afin d'être protégées de toute agression extérieure", a dit M. Diémé dans un entretien accordé à l'APS.

Faisant une nomenclature des forêts classées, il estime que cette classification permet de protéger les espèces végétales, animales, hydrauliques, bref la biodiversité indispensable à un équilibre de la vie. Par ailleurs, il y a la société avec les hommes, les femmes, les personnes âgées, et les jeunes, souligne-t-il.

"Ici, on est homme accompli lorsque on a subi l'initiation après sa dernière phase qui est le séjour dans le bois sacré. C'est donc chez les hommes, la fin du cycle de l'éducation", explique M. Diémé.

Chez les femmes, a-t-il poursuivi "il y a le même cycle d'éducation. Aussi, pour être admise parmi les femmes et pouvoir participer aux assemblées qui peuvent prendre des décisions pour la communauté, il faut obtenir le statut de femme, donneuse de vie et mère".

Selon l'historien, c'est ce statut qui permet de parler au nom des femmes et de toute la communauté. "Dans ce cas, les femmes sont donc des interlocutrices des hommes. Et à ce titre elles peuvent accéder dans les bois sacrés, parler ou agir pour et par la communauté, explique-t-il.

"Ces femmes participent à la protection sociale, à la protection de la vie après l'avoir donnée, à la préservation de la paix ainsi qu'à la promotion de la production économique par le travail, par les prières", précise-t-il.

"Certaines de ces femmes peuvent être de véritables leaders parmi leurs paires", a encore dit Ama Diémé, soulignant qu'il y en a même celles qui sont sacrées prêtresses et dont l'influence peut aller jusque dans d'autres communautés. "Celles-ci ont un pouvoir mystique qu'elles tiennent de leurs relations avec les anciens.", a-t-il ajouté.

L'historien regrette que la politique soit devenue "un mal endémique". "Toutes les classes et organisations socio-culturelles sont envahies par la politique et les politiciens. C'est pourquoi, il est difficile de dire que telle ou telle organisation peut ou ne peut pas faire de la politique", a t-il relevé.

Selon lui, les organisations des "femmes du bois sacré" subissent "les influences des activistes".

"Jadis ouvertes aux membres d'une même communauté villageoise, les associations des femmes du bois sacré sont de plus en plus ouvertes à d'autres femmes d'autres communautés à cause des mariages exogamiques", a-t-il indiqué, estimant que "le risque ici est qu'elles perdent de plus en plus leur fond culturel".

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