La liste des plaintes contre le surintendant de police (SP) Ashik Jagai, ancient patron de la défunte Special Striking Team (SST) s'allonge. Raquel Jolicoeur, chanteur du groupe 666 Armada, a déposé une plainte contre ce haut gradé, ainsi que contre le constable Pritish Salabee, ancien membre de la défunte SST démantelée après les élections, et le sergent Jaisen Arnasala, anciennement affecté au Field Intelligence Office (FIO) Northern. La plainte a été enregistrée le lundi 7 avril. Pour rappel, le sergent Arnasala a récemment été arrêté par la Financial Crimes Commission pour un vol allégué lors d'une perquisition chez l'entrepreneur Iqbal Ramchurn.
Au poste de police de Roche-Bois, en présence de son avocat, Me Sanjeev Teeluckdharry, Raquel Jolicoeur affirme avoir des motifs raisonnables de croire qu'en avril 2022, le SP Jagai aurait conspiré avec le sergent Arnasala et le constable Salabee pour commettre un acte illégal, à savoir placer de la drogue et d'autres éléments incriminants - dont un revolver avec des balles, deux bâtons de dynamite et une quantité d'héroïne - à son domicile à Roche-Bois.
Le 2 mai 2022, une équipe du FIO du Nord dirigée par le sergent Arnasala, en collaboration avec l'Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) de l'Ouest - à laquelle étaient alors rattachés le SP Jagai (alors chef inspecteur) et le constable Salabee - a effectué une descente chez le chanteur. Selon les déclarations de Raquel Jolicoeur, les policiers auraient brisé et enlevé toutes ses caméras de surveillance ainsi que le DVR, d'une valeur d'environ Rs 200 000. Il affirme avoir été arrêté de force et agressé après son interpellation. «Mo ti ena lintansion pou eklat Parlman ek Kazern santral», aurait écrit un policier dans les entrées faites après l'opération policière, selon lui.
Par la suite, il aurait été conduit au poste de police de Piton, où le constable Salabee lui aurait enfoncé de force une main gantée dans la bouche afin de prélever sa salive, qu'il aurait ensuite frottée sur un sac vide et une boîte vide. À la cour, les enquêteurs ont ainsi indiqué que le rapport du Forensic Science Laboratory (FSL) confirmait la présence de son ADN sur cinq pièces à conviction.
Avant son arrestation, l'auteur du titre Polico Crapo avait fait une déclaration à l'Independent Police Complaints Commission, affirmant avoir reçu des messages sur son téléphone l'avertissant que des éléments de l'ADSU envisageaient de lui «planter» de la drogue. Il explique que ces manoeuvres seraient liées à ses vidéos TikTok dans lesquelles il dénonçait les agissements de Jagai et ses supposées connexions avec un trafiquant de drogue.
Selon lui, une enquête approfondie sur les communications téléphoniques du SP Jagai, du sergent Arnasala et du constable Salabee permettrait de démontrer qu'ils ont comploté pour le piéger en déposant des éléments incriminants chez lui.
Raquel Jolicoeur raconte également qu'il a été détenu au centre de détention de Line Barracks, avant d'être transféré quelques semaines plus tard à la prison de Melrose, où il a été détenu en isolement. La police s'est toujours opposée à sa libération sous caution. Il aura passé environ 422 jours en détention avant d'être libéré grâce à une motion déposée par ses avocats, dans la foulée des révélations dites Vimen Leaks. Dans des enregistrements sonores, des policiers y évoqueraient un «planting» monté contre Raquel Jolicoeur.
Le chanteur indique avoir été interrogé par la Major Crime Investigation Team après son arrestation, mais avoir toujours clamé son innocence. Il nie toute implication dans le trafic de drogue, des activités terroristes, ou la possession d'explosifs et d'armes à feu. Raquel Jolicoeur précise qu'il est chanteur, musicien, et vendeur de légumes à temps partiel, et qu'il n'est impliqué dans aucune activité illicite.