La «Private Notice Question» (PNQ) du leader de l'opposition, Joe Lesjongard, était, hier, adressée au ministre de la Santé, Anil Bachoo, au sujet des décès des patients H.C. et T.S., survenus respectivement le 9 mars à l'hôpital Victoria et le 11 mars à l'hôpital sir Anerood Jugnauth. Les deux avaient subi des interventions chirurgicales préalables au New Cancer Hospital. Joe Lesjongard voulait savoir si une enquête avait été menée et, le cas échéant, connaître les résultats pour chaque cas.
Le ministre Anil Bachoo a débuté en présentant ses condoléances aux familles endeuillées avant de faire comprendre à la Chambre qu'il ne pourrait pas divulguer les détails sur l'état de santé des deux cas sans l'aval écrit des familles concernées. Cependant, il a indiqué que des investigations préliminaires ont démontré qu'il n'y a pas eu de négligence médicale mais que c'étaient des cas compliqués. Toujours est-il que le nouveau Medical Negligence Committee (MNC) se penchera à nouveau sur ces deux décès. Il a aussi soutenu que 30 cas de négligence médicale alléguée sont en attente d'être étudiés immédiatement et que son ministère s'est déjà penché sur 15 d'entre elles.
Anil Bachoo a dénoncé le fait que les procédures dans ces cas de négligence médicale alléguées sont souvent très longues, d'où le fait qu'il a déjà revu les anciennes procédures et constitué un nouveau MNC sous la présidence de Jaya Veerapen, Senior Advisor de son ministère, qui aura à ses côtés les Dr Pauvaday et Gujadhur, également Senior Advisors, parmi d'autres. Qui plus est, a-t-il ajouté, les directeurs des hôpitaux régionaux tiendront des weekly mortality meetings, qui passeront en revue les causes de décès des patients. Ils devront alors prendre les actions nécessaires pour améliorer la qualité du service, parmi d'autres.
Revenant sur le New Cancer Hospital, Anil Bachoo a indiqué que l'établissement possède quatre salles opératoires. Cependant, il n'y a pas eu de planning pour les ressources humaines. C'est pourquoi l'on requiert l'aide des Indiens qui s'attaquent aux opérations complexes. Inaugurés en mai de l'année dernière, certains équipements sont toujours enfermés dans des salles, a-t-il fait ressortir. Il ajoute que 62 opérations liées au cancer ont été entreprises, dont 12 par des médecins indiens et le reste par des médecins mauriciens. «Malheureusement, il y a eu deux décès (parmi les 62 cas)...»
Lors d'une question supplémentaire, Joe Lesjongard a voulu savoir si les soins intensifs (ICU) sont opérationnels ou si les patients devaient être transférés vers d'autres hôpitaux pour leur surveillance post-chirurgicale. Anil Bachoo a alors confirmé qu'il n'y a effectivement pas d'ICU au New Cancer Hospital, un manquement qui aurait dû être pallié par l'ancien régime, selon lui, avant son ouverture. Selon le ministre, des centaines de patients attentent d'être opérés et l'on ne peut pas tous les envoyer en Inde pour les traitements. Ainsi, les patients peuvent être redirigés vers l'hôpital de Flacq qui possède un ICU moderne ou encore à celui de l'hôpital Victoria.
Autre question de Joe Lesjongard: le ministre est-il au courant que le transfert de ces patients est dangereux et catastrophique ? Anil Bachoo a encore une fois alors mis l'accent sur le fait que sur 62 cas, il y a eu que deux décès. «D'ailleurs, le gouvernement aménagera un ICU moderne dans le mois qui vient. Je ne peux pas laisser mourir des patients sans qu'ils ne soient traités...» Revenant à la charge, Joe Lesjongard a voulu obtenir confirmation si le patient T.S,, après son intervention, a été transféré du New Cancer Hospital à celui de Flacq, un trajet qui peut durer jusqu'à une heure l'exposant à des complications ?
Anil Bachoo a alors souligné que c'était la volonté du patient d'être opéré et qu'à Flacq, l'on possède un ICU moderne. «Il (l'ancien gouvernement) a laissé une dette de Rs 2,2 milliards comment allons-nous payer les frais d'un nouveau soin intensif du jour au lendemain ?», s'est-il demandé. Joe Lesjongard a alors mentionné un courrier électronique d'un des patients décédés au ministère de la Santé, faisant état de ses appréhensions d'être opéré à Maurice ? Le ministre a répondu qu'il y a un board qui siège en ce sens - au cas par cas - et décide si le patient doit aller se faire traiter à l'étranger et par semaine, quatre ou cinq patients y sont envoyés. «Si le patient avait eu l'aval du board, il se serait rendu à l'étranger.»
Le leader de l'opposition s'est ensuite penché sur un autre aspect de ce dossier. Est-ce que les médecins étrangers venant opérer ces patients ont un temporary registration nécessaire afin d'exercer sur le sol mauricien ? Selon Anil Bachoo, oui. Serait-il en faveur de déposer les documents relatifs à ces médecins ? lui a demandé Joe Lesjongard. Le ministre a indiqué qu'il allait rechercher l'autorisation du State Law Office. Selon Joe Lesjongard, un des médecins étrangers n'avait pas de temporary registration, à la suite de quoi, Anil Bachoo a soutenu que la plupart d'entre eux sont des volontaires et ne prennent pas de salaire pour le travail accompli, si ce n'est que leur billet d'avion et les repas.
Joe Lesjongard a voulu également savoir si un Fact Finding Committee sera mis sur pied pour faire la lumière sur la mort de ces deux patients. Selon Anil Bachoo, non, car le rapport préliminaire a déjà été soumis à la satisfaction de son ministère et des médecins. Adrien Duval a aussi posé une question au ministre de la Santé, voulant notamment savoir si le ministre est préparé à apporter au Parlement un amendement à la loi pour l'extension de la période limite de deux ans qui permet de demander réclamation envers des médecins ou l'état pour négligence médicale, surtout en ce qui concerne les cas de Covid-19. La speaker Shirin Aumeeruddy-Cziffra est alors intervenue en disant que c'est à l'Attorney General ou au gouvernement de répondre en temps et lieu, pas au ministre, car cela ne concerne pas le ministère de la Santé. Dans sa dernière question, Joe Lesjongard a voulu savoir si certains des patients ont dû entreprendre plusieurs opérations à la suite des complications. Selon Anil Bachoo, tel n'est pas le cas.
À noter que le Parlement a été ajourné au mardi 15 avril.