La forte augmentation du nombre de réfugiés fuyant les combats dans l'est de la République démocratique du Congo vers l'Ouganda voisin met à rude épreuve les capacités d'accueil de ce pays d'Afrique de l'Est, qui abrite déjà la plus importante population de réfugiés du continent, rapporte le communiqué de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) du 8 avril.
Dans un contexte de baisse du financement, cette augmentation significative du nombre de réfugiés risque de mettre à rude épreuve les capacités d'accueil du pays, qui doit également répondre aux besoins de plus de 70 000 réfugiés soudanais qui ont fui la guerre qui sévit au Soudan depuis deux ans, indique le communiqué du HCR.
Plus de 40.000 Congolais ont trouvé refuge en Ouganda depuis le mois de janvier, date du début de l'offensive des rebelles du M23, soutenus par l'armée rwandaise, dans l'est de la RDC.
Au total, le pays accueille 1,8 million de réfugiés, dont 600.000 Congolais, qui continuent d'arriver au rythme de 600 personnes par jour au cours des deux dernières semaines.
« Dans un contexte de coupes budgétaires, cette forte augmentation des arrivées de réfugiés risque de submerger les capacités du pays », s'inquiète l'agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Une majorité de femmes et enfants
Pour preuve démontre le communiqué, depuis janvier, jusqu'à neuf enfants de moins de cinq ans seraient morts d'anémie liée à la malnutrition dans les centres ougandais de transit de Nyakabande et Matanda, dans le sud-ouest du pays, où sont accueillis les nouveaux arrivants congolais.
Ces derniers sont principalement des femmes et des enfants, arrivés à pied pour certains, en provenance majoritairement du Nord -Kivu, où ils fuient les meurtres et violences sexuelles principalement perpétrés par le M23 et ses alliés.
Dans la région frontalière de Kikuube, près de 4.000 réfugiés ont traversé le lac Albert pour rejoindre l'Ouganda dans des conditions précaires, après avoir voyagé pendant des heures dans des bateaux surchargés et dans des conditions météorologiques difficiles.
« De plus en plus d'hommes voyagent séparément de leur famille pour éviter d'être recrutés de force par des groupes armés », précise le HCR.
Des centres d'accueil dépassés
Les centres de transit et d'accueil à la frontière sont saturés. Celui de Nyakabande, où certains des enfants ont trouvé la mort, accueille désormais plus de 7.000 réfugiés, ce qui correspond à six fois sa capacité initiale.
Avec le début de la saison des pluies, tous les espaces disponibles, y compris les cuisines et les zones d'enregistrement, sont utilisés pour accueillir les nouveaux arrivants. Malgré les efforts du HCR et des autorités ougandaises pour renforcer l'aide aux réfugiés, le manque de capacités d'enregistrement et de bus pour les réinstaller contribuent également à la congestion actuelle.
À cela s'ajoute un risque élevé de contracter des maladies mortelles en raison des graves pénuries d'eau, de latrines et d'installations sanitaires, notamment dans les centres de Nyakabande et Matanda. Dans ce dernier, 150 latrines sont nécessaires pour atteindre la norme minimale d'une latrine pour 20 personnes, précise le HCR. Les services de santé peinent également à répondre aux besoins croissants des réfugiés.