Ile Maurice: Déscolarisation silencieuse - Quand des collégiens se droguent au deodorant

Défi, nouveauté ou véritable cri d'alarme ? Une pratique choquante circule actuellement sur les réseaux sociaux mauriciens : des collégiens s'adonnent à une nouvelle forme de consommation de substances toxiques... à base de déodorant. Une vidéo récemment devenue virale montre des adolescents utilisant un bong artisanal pour inhaler les vapeurs d'un spray, dans l'enceinte même d'un établissement scolaire situé dans le Nord. Cette scène, qui fait froid dans le dos, suscite une vive émotion chez les parents, les enseignants, mais aussi dans l'opinion publique.

Alors que les assises de l'Éducation sont prévues du 15 au 17 avril, avec en ligne de mire le sujet de la drogue en milieu scolaire, ce nouvel épisode met en lumière le désarroi croissant d'une jeunesse en perte de repères. Loin d'être un acte isolé, cette pratique rappelle une tendance déjà observée ailleurs, notamment en France depuis les années 2010. Là-bas, certains adolescents sniffaient des aérosols de déodorant à l'aide d'un chiffon, dans l'espoir de ressentir des effets similaires à ceux de l'alcool : étourdissements, hallucinations, euphorie artificielle.

Mais cette recherche de sensations n'est pas sans risque. Les gaz contenus dans ces produits - dont le butane - sont extrêmement nocifs pour l'organisme. Ils peuvent entraîner des troubles neurologiques, des lésions pulmonaires, voire une perte de connaissance pouvant aller jusqu'à l'arrêt cardiaque.

Entre colère et incompréhension des adultes

Face à ces images, de nombreux parents expriment leur désarroi. «La société est de plus en plus malade», lâche une jeune mère, visiblement bouleversée. Certains réclament un durcissement des lois, estimant que les parents n'ont plus les moyens d'imposer leur autorité. «Aujourd'hui, si un parent donne une simple claque, il risque des sanctions. Pourquoi les enfants respectaient-ils davantage leurs parents autrefois, quand une petite fessée suffisait à remettre les pendules à l'heure ?», s'interrogent plusieurs adultes, nostalgiques d'une époque où l'autorité parentale semblait moins contestée.

Pour l'Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), il y a urgence à agir. Son président, Arvind Bhojun, estime que ce type de comportement traduit une carence grave en matière de conscientisation et de responsabilisation des jeunes. «Il faut inculquer la discipline dès le plus jeune âge, à l'école primaire déjà, et la renforcer tout au long du cursus scolaire. C'est ainsi que les enfants apprendront à se respecter, à préserver leur santé et à s'intégrer positivement dans la société.» Il évoque également le modèle japonais, souvent cité comme exemple.

Dans les écoles nippones, l'accent est mis non seulement sur la discipline et le respect des enseignants, mais aussi sur la coopération et la responsabilisation. Les élèves participent aux tâches de nettoyage de leur établissement, développant ainsi un sentiment d'appartenance et de devoir envers leur environnement.

Pour Arvind Bhojun, la solution pourrait aussi passer par la création de pensionnats, ou boarding schools. «Il faut remettre les jeunes dans un cadre structurant, à l'abri des influences négatives d'une société en déclin. Certains parents ont abandonné leur rôle éducatif, il est temps de reprendre la main.» Il souligne toutefois un déséquilibre préoccupant dans le discours actuel sur les droits de l'enfant : «On parle beaucoup de leurs droits, mais très peu de leurs devoirs. Il est temps de rétablir l'équilibre : chaque droit s'accompagne d'une responsabilité et chaque faute doit entraîner une sanction.»

L'école est l'un des maillons importants dans le développement de l'enfant et de l'adolescent. Le ministère de l'Éducation espère pleinement jouer son rôle dans le combat contre la drogue. «Nous allons continuer à sensibiliser les enfants aux dangers de la drogue.» D'autres mesures ont été annoncées par le ministre Mahend Gungapersad au Parlement, comme des activités sportives et extrascolaires afin que les jeunes aient des occupations saines. Il a également été question de patrouilles policières dans les environs des collèges et de l'installation de caméras dans des zones précises. D'ailleurs, dans certains cas, si les parents sont d'accord, les enfants bénéficient d'un suivi psychologique.

De plus, le ministre prévoit une session de travail avec l'Attorney General et de prendre en considération toutes les suugestions d'écoulant des assises de l'éducation. Actuellement, si un enseignant soupçonne qu'un élève a de la drogue dans son sac, il n'a pas le droit de procéder à une fouille. Il doit en informer la police. Cependant, la drogue à l'école n'est pas un problème uniquement du ministère de l'Éducation ou des responsables d'établissement. Les parents doivent également jouer leur rôle. Ils doivent dialoguer avec leurs enfants et veiller au type d'amis qu'ils fréquentent. L'entourage de l'enfant a aussi un rôle à jouer.

À l'heure où les assises de l'Éducation s'apprêtent à réunir professionnels, enseignants et décideurs politiques, il devient crucial de repenser notre système éducatif. Face à une jeunesse en détresse, il ne suffit plus de condamner. Il faut reconstruire, proposer, encadrer... et surtout, écouter. Car si certains élèves détournent les règles, peut-être est-ce aussi pour nous forcer à revoir celles que nous leur imposons.

Début des vacances scolaires : Ce samedi pour petits et grands

Soulagement pour les élèves et les enseignants : les vacances du premier trimestre débutent ce samedi 12 avril. Du primaire au secondaire, tous profiteront de cette pause bien méritée après plusieurs semaines de cours intenses. Le deuxième trimestre reprendra le lundi 28 avril et se poursuivra jusqu'au 18 juillet. L'occasion pour beaucoup de recharger leurs batteries avant d'entamer la prochaine étape de l'année scolaire. Fait notable cette année : ces congés coïncident avec un événement majeur du secteur éducatif, à savoir les assises de l'Éducation, prévues du 15 au 17 avril. Un rendez-vous crucial où les acteurs du monde scolaire, les autorités et la société civile auront l'opportunité de réfléchir ensemble à l'avenir de l'éducation à Maurice.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.