Burkina Faso: Coopération sino-burkinabè - Abdoul Fatah Traoré, l'étudiant devenu homme d'affaires en Chine

Dans le cadre de la coopération entre la République populaire de Chine et le Burkina Faso, Abdoul Fatah Traoré a bénéficié d'une bourse pour poursuivre ses études doctorales en ingénierie géotechnique (étude des sols) dans l'Empire du milieu. Avec l'avènement de la pandémie de la COVID-19 suivi du confinement, le doctorant a mis sur pied une entreprise pour venir en aide aux commerçants de son pays. Depuis lors, il combine les études et les affaires, et avec succès.

Après son Master en génie civil obtenu à l'Ecole supérieure des travaux publics de

Ouagadougou au Burkina Faso, en février 2017, Abdoul Fatah Traoré s'est intéressé à la bourse taiwanaise. Avec l'encouragement de certains enseignants, le jeune ingénieur de conception en génie civil a postulé et a été sélectionné pour un doctorat dans une université taiwanaise.

En août 2017, il entame son parcours à Taipei en Taiwan par l'apprentissage de la langue chinoise. En effet, fait-il savoir, les conditions de la bourse exigeaient de faire une année de langue avant de choisir le domaine d'étude. Après 10 mois passés sur l'Ile de Formose, la rupture des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et Taiwan est intervenue en mai 2018. Du coup, les étudiants burkinabè ont été transférés en République populaire de Chine en vue de poursuivre leurs études.

C'est ainsi que Abdoul Fatah Traoré s'est retrouvé à l'université des sciences et des technologies de Huazhong à Wuhan dans le Centre de la Chine pour son Phd (doctorat) en ingénierie géotechnique. Aux dires de M. Traoré, le choix de la ville de Wuhan a été stratégique dans la mesure où elle accueille beaucoup d'étudiants notamment africains. En plus, il a évoqué la maitrise de la langue chinoise, un autre atout qui a énormément contribué à faciliter son intégration dans la ville de Wuhan.

C'est dans cette ambiance de brassage culturel qu'il débute les cours avec pour domaine de recherche, le traitement des boues issues de l'extraction minière pour leur potentielle

réutilisation dans le secteur routier. Selon ses explications, il travaille sur les sols contaminés par les métaux lourds tels que le zinc, le cuivre, l'or et le plomb. Il a mentionné que l'idée est de traiter ces sols contaminés afin d'augmenter leur portance tout en réduisant leur toxicité.

Pour le doctorant, les sols contaminés aux métaux lourds présentent de sérieux risques pour l'environnement, les personnes et les biens. C'est pourquoi, a-t-il soutenu, l'infiltration des toxines dans les nappes souteraines sont sources de dégradation de l'écosystème. Raison pour laquelle, M. Traoré a confié que son étude se penche sur le traitement de ces boues contaminées afin de pouvoir les stocker de façon sécurisée dans les bacs à résidus d'une part. Et d'autre part, d'améliorer leurs caractéristiques techniques pour leur potentielle réutilisation dans le secteur routier comme matériaux de remblai.

« En clair, mon travail consiste à gérer l'aspect économique et environnemental du traitement des sols contaminés par les métaux lourds et de l'amélioration des caractéristiques techniques et environnementales pour une potentielle réutilisation en matériaux de construction de route en l'occurrence », a expliqué le doctorant en ingénierie géotechnique. Au quotidien, Abdoul Fatah Traoré travaille en collaboration avec d'autres chercheurs chinois et afri-cains.

Cette collaboration a permis la publication de plusieurs articles dans les revues scientifiques, et l'obtention du prix de meilleur étudiant étranger de son université durant l'année académique 2020-2021. A en croire Abdoul Fatah Traoré, le choix de son domaine d'étude dans l'Empire du milieu répond aux besoins d'apporter ses compétences et connaissances à sa patrie.

Autrement dit, une collaboration avec les sociétés minières installées au Burkina Faso pourrait permettre à M. Traoré de mettre son expertise à leur service par le traitement des sols contaminés par les métaux lourds. Il a expliqué que depuis quelques années, le Burkina Faso a beaucoup de mines en exploitation qui participent sans nul doute à l'économie du pays.

« Toute mine en exploitation devrait songer à la préservation de l'environnement. L'idée est de voir comment travailler avec ces mines pour déjà penser à la question en trouvant des méthodes de traitement beaucoup plus efficaces à des coûts raisonnables et respec-tueux de l'environnement. Mieux, il est important de

mettre l'accent sur le recyclage des résidus issus des mines »,

a-t-il suggéré.

L'homme d'affaires

En plus d'être doctorant en géotechnique, M. Traoré est propriétaire d'une entreprise dénommé « Business Square Corporation ». L'idée lui est venue en 2019 pendant la période de la pandémie de la COVID-19, dont Wuhan a été l'épicentre. Pendant le confinement de 7 à 8 mois, il n'avait pas d'activités académiques parce qu'il n'avait pas de données expérimentales pour faire des recherches. Il en a profité pour réfléchir sur un projet qui pouvait l'occuper avant la reprise des activités de recherches. De plus, avec la COVID-19, les commerçants burkinabè ne pouvant plus se rendre en Chine, ils le sollicitaient pour se renseigner sur la disponibilité et les prix de certaines marchandises comme les masques et les gels-hydroalcooliques.

« Je me suis dit que c'est une opportunité à saisir pour faire du business en aidant les commerçants burkinabè à négocier les prix et discuter avec les fournisseurs. Raison pour laquelle, j'ai mis en place mon entreprise qui fait principalement du sourçage qui consiste à aider les clients à avoir le matériel de leur choix en Chine », a précisé l'homme d'affaires. Outre le sourçage, « Business Square Corporation » intervient dans le contrôle

de qualité, la logistique, l'accompagnement des clients dans la visite des grandes usines et autres entreprises pour trouver du matériel qui répond à leur budget et leur besoin.

« Elle vise également à mettre en contact les partenaires burkinabè avec ceux de la Chine et vice-versa parce qu'il existe des hommes d'affaires chinois qui ont aussi besoin d'avoir accès au marché burkinabè pour importer certaines matières premières et écouler leurs marchandises. C'est pourquoi, l'entreprise est reconnue à la fois en Chine et au Burkina Faso », a soutenu Abdoul Fatah Traoré. Hormis le Burkina Faso, M. Traoré travaille avec des Sénégalais, Ivoiriens, Gabonais, Français et Latino-Américains. Dans l'optique de répondre aux besoins de ses clients, il travaille avec deux partenaires burki-nabè dont l'un est basé à Ouaga-dougou qui gère les affaires courantes et l'autre qui est un postdoctorant en architecture en Chine.

Pour une question de dynamisme, l'entreprise « Business Square Corporation » est représentée dans l'Empire du milieu à travers deux bureaux dont le premier est situé à Wuhan et le second à Foshan dans le Sud de la Chine. En sa qualité d'ingénieur en génie civil, il dit avoir opté pour ce domaine qu'il connait le mieux et dans le souci également de fournir des prestations de qualité à sa clientèle (entreprises et particuliers). Du coup, ses clients s'intéressent plus aux matériaux de construction. En revanche, s'est-il félicité, au fur et à mesure que les clients sont satisfaits, d'autres reviennent avec des commandes assez spécifiques.

A ce sujet, il a cité entre autres la machinerie agricole, les véhicules, le BTP, le matériel de chantier et informatique. « Etant donné que nous ne maitrisons pas tous les domaines, soit nous nous faisons formés par certaines sociétés chinoises, soit nous recrutons des ingénieurs chinois pour nous aider dans le choix du matériel commandé. L'objectif recherché est de maintenir la clientèle et de continuer à fournir des services et produits de qualité », a révélé le businessman.

Des difficultés malgré tout

Combiner les études et les affaires n'est pas chose aisée, foi de M. Traoré qui dit tout de même arriver à s'en sortir. « J'avoue que ce n'est pas facile mais nous essayons de faire avec. A la reprise des activités académiques après le confinement, il y avait des moments durant lesquels je ne pouvais pas effectuer de voyage. Quand les opportunités se présentent, je voyage dans le cadre de mes affaires mais tout en gardant à l'esprit les études, mon objectif principal en venant en Chine », a-t-il insisté. Concernant les difficultés, il a précisé qu'il en rencontre d'où ses multiples déplacements pour pouvoir se rassurer que tout se passe bien.

Sur la question, M. Traoré a signifié qu'il arrive souvent que les fournisseurs se trompent sur certains types de caractéristiques techniques, la quantité et la logistique pendant le chargement. Avec les commandes venant du Burkina Faso, il dit avoir des problèmes liés aux caractéristiques techniques ou à la quantité du matériel commandé. Malheureusement, a déploré l'homme d'affaires, certains clients ne tiennent pas compte des caractéristiques techniques lorsque nous leur présentons la facture. « En effet, ce qui intéresse le client c'est le prix au détriment des caractéristiques techniques. A la réception, beaucoup se rendent compte qu'ils ont commis des erreurs dès le début puisque c'est le client qui commande le matériel qu'il veut », fait-il savoir.

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