Dimanche 30 mars dernier, dans notre rubrique «Chronique de la Byrsa» et sous le titre «Carthage à l'épreuve de la Justice», nous nous faisions l'écho de l'action en justice qu'allait introduire bénévolement, le jeudi suivant, un collectif d'avocats mené par Me Imèd Ben Halima auprès du Tribunal de première instance de Tunis contre l'occupant illégal d'un terrain archéologique relevant des Domaines de l'Etat à Carthage.
Sans rencontrer d'opposition effective de la part des diverses instances concernées qui ont laissé faire des années durant, celui-ci avait entrepris d'exploiter ce terrain situé sur la route reliant la Maâlaga à Sidi Bou Saïd, à proximité du cimetière militaire américain, à des fins commerciales en tant qu'espace de loisirs. Aussi, la poursuite s'étend-elle également à ces parties. Cette action a été engagée à la demande de l'Association des amis de Carthage qui, au surplus, a réclamé que soit effectuée une expertise pour établir si des fouilles clandestines ont pu être menées sur ce site.
Surprise et joie
Hier, les Carthaginois, en particulier les militants de ladite association, ont eu la surprise--et la joie-- de découvrir un panneau apposé à l'entrée de ce terrain et portant la mention «Terrain propriété de l'Etat». Avant l'issue du procès, le ministère des Biens domaniaux, qui, dans un document remis à l'Association et à sa requête, avait établi l'appartenance de ce terrain aux domaines de l'Etat, le ministère, donc est venu rappeler ainsi l'inviolabilité de cette propriété. Quelques semaines en arrière, des agents municipaux étaient venus défoncer la haie qui interdisait l'accès à ce terrain. Une heure de temps après, des ouvriers employés par l'occupant sont venus restaurer l'ouvrage !
Une nouvelle manche a donc été remportée par les Amis de Carthage conduits par Salwa Jaziri Arfa, présidente de l'association. Mais là ne s'arrêtera pas la lutte menée pour préserver ce qui reste encore de la glorieuse métropole antique. Samedi 19 avril, dans la matinée, une marche, la seconde en l'espace de quelques mois, sera organisée au départ du site et conduira jusqu'au siège de la municipalité de Carthage pour exprimer la préoccupation des citoyens devant les violations à répétition de la réglementation édictée par le Code du patrimoine et des dispositions internationales entérinées par notre pays, en particulier celles concernant le classement du Parc archéologique et culturel Carthage-Sidi Bou Saïd sur la liste du Patrimoine mondial de l'humanité.