Auteur d'une saison remarquable avec le club polonais de Jagiellonia Bialystok, Afimico Pululu est un attaquant courtisé. Le natif de Luanda, meilleur buteur de la Ligue Europe Conférence cette saison, a été appelé par l'Angola au mois de mars, mais n'a pas pu honorer sa sélection. Né de parents congolais, l'attaquant de 26 ans semblait avoir fait son choix, mais son absence a relancé les rumeurs concernant une possible arrivée chez les Léopards de RDC. En exclusivité pour RFI, Afimico Pululu est revenu sur son attachement au Congo et son envie, toujours présente, d'être sélectionnable par Sébastien Desabre.
Afimico, vous avez une histoire particulière, vous êtes né à Luanda en Angola, vos deux parents sont originaires de RDC puis vous grandissez dans l'est de la France. Comment s'est déroulée votre enfance ?
J'ai un peu grandi à la française. Je suis arrivé dans ce pays assez jeune, à l'âge de 1 an et demi, donc j'ai peu de souvenirs de l'Afrique malheureusement. J'ai grandi à Mulhouse dans l'est de la France comme un enfant normal. Mes deux parents sont nés en RDC dont j'ai goûté à la culture congolaise très vite. On parle lingala à la maison, j'écoute beaucoup de sons congolais. J'ai la culture congolaise en moi.
Vous êtes formé à Bâle en Suisse où vous êtes passé professionnel, vous avez tenté une aventure en Bundesliga (Greuther Fürth) puis départ vers la Pologne à l'été 2023. Pourquoi avez-vous rejoint le Jagiellonia Bialystok ?
D'abord après Bâle, j'ai filé en Allemagne. Ça ne s'est pas très bien passé pour moi, je suis tombé sur des entraîneurs qui ne comptaient pas sur moi, qu'ils n'allaient pas me donner du temps de jeu. Je cherchais un nouveau challenge, je voulais partir loin et trouver un endroit sain avec rien autour. C'est ce qui s'est présenté avec Jagiellonia. Quand on m'a parlé de leur intérêt, je ne vais pas mentir, je ne connaissais pas l'équipe. Les négociations se sont bien passées, j'ai pu visiter la ville et le stade. J'ai parlé avec tout le monde et ça s'est signé rapidement.
Vous marquez l'histoire de votre club. Vous avez remporté le premier titre de champion de l'histoire de Bialystok, vous venez de remporter la Supercoupe de Pologne et vous êtes le meilleur buteur du club depuis votre arrivée. Comment expliquer tous ces succès ?
C'est d'abord grâce à la direction, ils ont trouvé un bon compromis entre jeunesse et expérience. Le coach a apporté sa pierre à l'édifice en sélectionnant les meilleurs profils pour l'équipe. Tout a collé assez vite, on a eu du mal à démarrer, mais il fallait un peu de temps pour tous se connaître. Maintenant le travail porte ses fruits. Mon arrivée a été bénéfique pour tout le monde. Les gens m'ont enterré plus bas que terre. Je devais retourner la situation. Je devais montrer de quoi j'étais capable.
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Accepter Gérer mes choix En Coupe d'Europe, le Jagiellonia Bialystok vit une saison historique, qualifié pour les quarts de finale de la Ligue Europa Conférence. Avec 8 buts, vous êtes le meilleur buteur de la compétition, vous attendiez-vous à ce succès en Coupe d'Europe ?
Tout est arrivé très vite ! Je ne m'attendais pas du tout à être là où j'en suis aujourd'hui. C'est le football, je suis juste content et je continue de travailler. Si à la fin, je peux repartir avec le titre de meilleur buteur, ce serait un plus ! Je me suis rendu compte de mon exposition après mon but sur un retourné acrobatique. En rentrant à la maison, j'ai pris le temps de réfléchir. C'est vrai que les gens me regardent d'une autre manière, il y a plus d'attente et de pression. Ça fait partie du jeu, j'assume les responsabilités.
De nombreux clubs européens vous observent, seriez-vous toujours un joueur de Bialystok la saison prochaine ?
Pour être honnête, je veux me confronter aux meilleurs joueurs et jouer dans les meilleurs championnats. Aujourd'hui, je profite de l'instant présent avec Jagiellonia mais sans vous mentir, si demain une belle offre arrive, je mettrai tous les atouts de mon côté pour passer un cap. Je ferai comprendre à ma direction mon souhait de départ en cas de défi intéressant.
Parlons maintenant sélection, vous êtes courtisé. Étant né à Luanda, vous avez été sélectionné par les Palancas Negras au mois de mars dernier. Votre club a finalement communiqué votre absence. C'est bien une blessure qui vous a empêché de vous y rendre ?
Oui, c'est exactement ça. C'est une micro-déchirure au mollet la nuit avant mon départ en sélection. J'ai dû déclarer forfait.
Votre absence a relancé les rumeurs de votre arrivée avec les Léopards de RDC. Il y a un vrai attachement avec cette sélection ?
Il y a toujours cette envie-là. Ce sont mes origines, mes attaches seront toujours fortes. J'ai grandi à la congolaise. Quand je vois un ami à moi que j'ai connu au FC Bâle, qui est maintenant un cadre chez les Léopards, Charles Pickel, je me dis "il me fait kiffer ce gars". J'aurais bien aimé jouer avec lui.
Avez-vous eu des contacts avec le sélectionneur de la République Démocratique du Congo, Sébastien Desabre ?
Honnêtement non. Je n'ai jamais eu de contact avec lui. Il a dû voir des choses, mais jusqu'à présent, il ne s'est rien passé.
Votre choix de sélection est-il définitivement arrêté ? Vous laissez-vous le droit de réfléchir avec la RDC dans un coin de votre tête ?
Je me laisse le droit de réfléchir. À la fin, si ça ne s'est pas fait au mois de mars avec l'Angola, c'est pour une raison, donc je vais prendre mon temps. Je vais suivre mon instinct. Quand j'aurai fait mon choix, je le déclarerai. Mais rien n'est décidé aujourd'hui. Je réfléchirai avec ma famille, mais c'est un fait, je n'ai pas un grand attachement avec l'Angola. J'ai eu peu de famille là-bas, mais j'ai peu de contacts par rapport à ma famille du Congo.
Vous devriez, sauf blessure, être appelé par une sélection en juin prochain. Votre objectif, c'est la Coupe d'Afrique des nations en décembre ?
Objectif, je dirai non. Mais si l'opportunité se présente, bien sûr que j'irai. Représenter toute une nation, c'est une grande fierté. Disputer ce genre de compétition, ça fait rêver. Jouer la CAN c'est grand. Mais j'ai d'autres objectifs en tête actuellement. La CAN, ce serait un rêve de la disputer. La RDC pourrait gagner la compétition, car beaucoup de joueurs évoluent dans les meilleurs championnats, ils sont parmi les favoris.
Un mot pour les supporters congolais qui aimeraient vous voir en sélection, que pouvez-vous leur dire ?
Leur soutien me fait extrêmement plaisir. Je le vois sur mes réseaux sociaux, ils sont toujours derrière moi à me soutenir. Je voudrais leur dire que ça me fait chaud au coeur de les voir me suivre constamment, que des gens de mon pays me soutiennent. On est ensemble, on ne lâchera rien.
Avez-vous besoin d'avoir du lien avec la sélection congolaise, comme une entrevue pour mettre les choses au clair ?
Ce serait bien d'avoir une discussion avec les dirigeants de la sélection de RDC. Si les gens du pays mettent la pression, mais que les dirigeants ne se manifestent pas, c'est un peu brouillon. Si à la fin les personnes concernées se font connaître, on pourra tirer une réponse claire. En tout cas, ce n'est pas à moi de faire ça. Je ne ferme pas la porte du tout à la sélection congolaise. Je suivrai ce que mon coeur dira de faire.