Ile Maurice: Jean Todt alerte - «L'équivalent de la population de Maurice disparaît chaque année sur les routes»

Le ministre des Transports, Osman Mahomed, a tenu une session de travail, hier, à Port-Louis, avec Jean Todt, envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la sécurité routière. Plusieurs propositions ont émergé de cette rencontre, notamment la création d'un Fonds pour la sécurité routière, qui serait alimenté par une contribution prélevée à l'achat d'un véhicule, ainsi que par les compagnies d'assurances.

Cette annonce a été faite lors d'une conférence de presse tenue en présence de Jean Todt, du superintendant de la Traffic Branch, G. Veerasami, et d'Alia Hirji, représentante des Nations unies. Le ministre Mahomed a toutefois précisé qu'il ne s'agissait pour l'instant que de propositions, la décision finale revenant au Premier ministre et ministre des Finances, Navin Ramgoolam.

«La sécurité routière n'est pas seulement un impératif, c'est aussi une mission, un investissement. Elle a un coût, et elle doit être financée», a-t-il souligné.

Une autre recommandation concerne la mise en oeuvre immédiate d'une réglementation imposant l'usage de casques répondant aux normes européennes ECE 22.05 et ECE 22.06. Le ministre a assuré que ces équipements, bien que de qualité, ne sont pas plus chers que ceux actuellement vendus à Maurice.

«À Maurice, les casques coûtent les yeux de la tête, mais ne respectent pas nécessairement les normes de sécurité», a-t-il déclaré. Il a également remercié Jean Todt pour avoir apporté deux casques qui seront testés en laboratoire en Italie, les résultats étant attendus sous peu.

Inscrites sur le certificat de moralité

D'autres mesures ont été évoquées, comme la réintroduction du permis à points, la saisie du véhicule en cas de conduite sous l'emprise de l'alcool ou de drogues, ou encore le retrait du permis pour infractions graves. Le ministre a également proposé que les infractions routières soient inscritessur le certificat de moralité du conducteur pendant une période déterminée, révisable ensuite par le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), à condition qu'aucune récidive n'ait eu lieu entre-temps.

Osman Mahomed a également soulevé la question des primes d'assurance, soulignant l'anomalie du système actuel : «Dans certains cas, une personne ayant eu deux accidents graves en un an ne paie qu'une augmentation de Rs 3 000. Ce n'est pas normal», a-t-il dénoncé, ajoutant qu'il abordera ce sujet avec la ministre Jyoti Jeetun, et que le système de bonus-malus sera étudié.

Il a également tiré la sonnette d'alarme sur la pollution générée par la croissance du parc automobile :

«Nos villes sont aujourd'hui asphyxiées. En 2010, Maurice était classé deuxième au monde pour la qualité de son air, avec une flotte de 400 000 véhicules. Aujourd'hui, nous en comptons 720 000 et avons chuté à la sixième place.»

Jean Todt s'est dit impressionné par la volonté du Premier ministre et des autorités mauriciennes de lutter contre les accidents de la route. Il a rappelé qu'environ 1,2 million de personnes meurent chaque année dans le monde à cause d'accidents de la route.

«C'est l'équivalent de la population de Maurice qui disparaît tous les ans», a-t-il déclaré.

Pour lui, des solutions simples existent : «Il suffit d'appliquer les ordonnances déjà en place : éducation, sensibilisation, application des lois, qualité des véhicules, des routes, et des secours. Les résultats peuvent être rapides.»

L'ancien directeur de l'écurie Ferrari en Formule 1 et ex-président de la Fédération internationale de l'automobile a également annoncé une campagne mondiale d'affichage sur la sécurité routière. Elle mettra en scène des célébrités comme Novak Djokovic («Je ne conduis pas après avoir bu»), Ousmane Dembélé («Je roule lentement»), ou encore Julie Gayet («Je n'envoie pas de message en conduisant»). Cette campagne sera diffusée dans plus de 40 pays, dont Maurice.

Jean Todt a conclu en appelant les médias à jouer leur rôle dans la diffusion des messages de prévention.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.