Ile Maurice: Saison 2025 - Une renaissance attendue, des promesses qui tardent

Pourquoi ?

La renaissance du Mauritius Turf Club (MTC) figurait parmi les engagements phares de l'Alliance du changement. Pourtant, cinq mois après l'arrivée au pouvoir de cette coalition, les avancées se font toujours attendre. Le nouveau président du MTC, Santos Gujadhur, n'a pas tardé à le souligner lors de son intronisation, à l'issue des assemblées générales extraordinaires du 28 mars : «...on ne voit pas le progrès car des lois n'ont pas encore été modifiées jusqu'à l'heure». Alors, pourquoi ces amendements se font-ils toujours attendre ? Et pourquoi, à ce jour, le MTC n'a-t-il toujours pas obtenu son lease agreement ? Y a-t-il des divergences d'opinions sur la manière de gérer cette industrie en plein renouveau ? Des divergences d'opinions, semble-t-il, persistent également quant au choix du futur Chief Stipe, un sujet désormais bien présent depuis le week-end dernier.

La question doit être posée : comment expliquer que les réformes tant attendues, notamment celles concernant la Gambling Regulatory Authority Act (GRA Act), se fassent toujours attendre ? D'autant plus surprenant quand on sait que Gavin Glover, ancien président du MTC et désormais Attorney General, était lui-même présent lors des dernières AGE.

En tant que principal conseiller juridique du gouvernement, Glover est pourtant chargé de fournir des avis juridiques, de rédiger les projets de loi et de représenter l'État dans les litiges, tout en occupant une fonction ministérielle. Alors, y aurait-il un blocage sur le dossier de l'hippisme ? Certains auraient-ils voulu aller trop vite, voire plus vite que le High-Level Committee décidé par le Premier ministre lui-même ?

Où en est le comité ?

En décembre 2024, la création en grande pompe d'un High-Level Committee, placé sous la présidence de Suresh Seebaluck, secrétaire au Cabinet, avait suscité de grandes attentes. Ce comité avait pour mission de réviser en profondeur le cadre légal encadrant les courses hippiques, en particulier la GRA Act. En marge de sa mise en place, le début de saison avait été fixé en juin par le MTC... alors que le training n'a jusqu'ici pas encore repris au Champ-de-Mars.

Plusieurs mois plus tard, une question demeure : où sont passées les recommandations ? L'une des propositions phares - et sans doute la plus attendue à court terme - concernerait la suppression de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur l'importation de chevaux, ainsi que sur la nourriture équine. De telles mesures permettraient, entre autres, de faire baisser significativement le coût d'importation, actuellement estimé à environ Rs 800 000 par cheval, fret et TVA inclus. Mais du côté des conseillers du Premier ministre, la prudence serait de mise. À noter que tous les chevaux importés en 2025, soit plus de 150, ont, pour l'heure, été soumis au paiement de la TVA.

Que souhaite-t-on précisément voir changer dans la «GRA Act» ?

C'est la question posée à Santos Gujadhur : «On veut qu'on retrouve notre lustre d'antan comme organisateur des courses. On ne demande pas de faire tout comme c'était auparavant (...) il faut faire des amendements qui sont dans l'intérêt du public», a-t-il déclaré. Pas de détails supplémentaires.

On sait qu'une partie du MTC milite pour le rétablissement de plusieurs de ses prérogatives, tout en espérant que l'État continue de subventionner certains coûts. Cela dit, il se murmure que le Premier ministre, récemment bien entouré en matière de conseils, aurait tenu à rappeler qu'il reste le seul maître à bord.

Quid du «lease» qui tarde à venir ?

«(...) pour avoir le HRO (NdlR : la licence de Horse Racing Organiser) on a besoin d'un lease sur le racetrack. (...) on devra trouver un arrangement avec la COIREC mais ça va se faire dans un contexte global, avec la mise à jour de la GRA Act», a fait savoir le président Gujadhur.

Le retard dans la signature du lease agreement serait lié à l'absence d'amendements à la GRA Act. Mais dans quelle mesure exactement ? S'agit-il réellement d'un obstacle légal ou plutôt de négociations contractuelles, où les différentes conditions restent à définir ? Pourquoi faudrait-il attendre une modification de la loi pour formaliser un bail ? À noter que l'exclusivité du Champ de Mars, pour cinq ans, a été accordée au MTC au premier Conseil des ministres.

Par ailleurs, la GRA a délivré une autorisation temporaire pour la reprise des entraînements. Une décision certes louable, notamment pour la santé et le bien-être des chevaux. Mais comment justifier qu'on autorise les entraînements alors même que le futur organisateur des courses (Horse Racing Organiser) n'a ni licence ni bail ? Le flou juridique et administratif persiste, et les incohérences interpellent.

Alors que l'industrie hippique traverse une période charnière, Veeshal Chumroo se trouverait à Londres. A-t-il été invité à prendre du recul ? Mystère total. Ce que l'on sait, en revanche, c'est qu'il a été visiblement désavoué par la CEO de la GRA, Chhayan Ringadoo, en pleine conférence de presse. Y avait-il plus important pour la CEO que d'être à côté de son chairman dans un moment aussi crucial ? Des rumeurs font état d'une urgence liée à l'affaire SMS Pariaz - mais cela n'aurait-il pas pu attendre quelques heures ?

Ce jour-là, Chumroo, chairman toujours en poste à la GRA - confirmé par la GRA hier matin -, a dû faire face seul aux journalistes. Mal préparé, il s'est retrouvé submergé par une salve de questions, sans réel soutien. Que s'est-il passé en coulisses? Pourquoi l'a-t-on laissé tomber de la sorte ?

Ringadoo sous pression ?

Par ailleurs, un Licensing Committee aurait été constitué, mais à ce jour, aucun nom n'a été officiellement communiqué. Quand aura-t-on droit à plus de transparence? Certes, selon une source au sein du PMO, Chhayan Ringadoo serait «the right person» pour diriger l'institution. Mais il semble également qu'elle soit fortement sollicitée - parfois par des acteurs aux intérêts divergents. Et cela, à l'évidence, complique encore davantage la gestion de ce secteur déjà sous tension.

Depuis la semaine dernière, le processus de recrutement au sein de la GRA alimente les débats. En particulier, le choix du futur Chief Stipendiary Steward divise. D'un côté, certains plaident pour un profil local, estimant que les compétences sont disponibles - et surtout suffisantes - à Maurice. De l'autre, des voix influentes - qui n'hésitent pas à faire valoir leur patronyme ou leur engagement durant la campagne électorale de 2024 - militent pour un recrutement solide et expérimenté venu d'Afrique du Sud. «A two horses race», estime-t-on.

Ce contexte est l'occasion de rappeler un principe fondamental de la bonne gouvernance : celui du cooling-off period. Il s'agit d'une période de carence imposée à d'anciens responsables ou conseillers, les empêchant temporairement d'exercer certaines fonctions liées à leurs anciens rôles. L'objectif est clair : éviter les conflits d'intérêts et garantir une gouvernance équitable et transparente. Cette période vise à s'assurer que ceux qui ont occupé des postes d'influence ne puissent immédiatement capitaliser sur leur réseau ou leur connaissance des rouages pour en tirer un avantage personnel. En somme, un garde-fou essentiel pour préserver la confiance du public dans les institutions.

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