Avant que Donald Trump ne change d'idée, mercredi, et ramène à 10 % (sauf pour la Chine) les droits de douane imposés sur les produits locaux entrant sur le marché américain, le tarif de 40 %, avait fait réagir le gouvernement. Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, qui intervenait à ce sujet mardi après-midi à l'Assemblée nationale, a annoncé son intention d'écrire bientôt au président américain pour évoquer les préoccupations de Maurice. «Nos exportations de biens vers les États-Unis seront soumises à un tarif de 40 %. Cela sera clairement hautement préjudiciable à notre économie», soutient le Premier ministre, après avoir expliqué les raisons ayant conduit à ce tarif de 40 %. Selon lui, le déficit commercial en pourcentage des exportations de Maurice vers les ÉtatsUnis est estimé à 80 %.
Par conséquent, selon les calculs américains, le tarif réciproque pour Maurice serait de 80 %. Toutefois, ce pourcentage a été réduit de moitié et un tarif réciproque de 40 % sera appliqué aux exportations mauriciennes entrant sur le marché américain. Il précise que les États-Unis sont le quatrième plus grand acheteur des produits mauriciens et que 41 entreprises tournées vers l'exportation, employant environ 16 750 personnes, dépendent du marché américain. Les principaux produits exportés vers les États-Unis incluent des singes vivants, du poisson, du sucre, ainsi que des textiles et des vêtements. Navin Ramgoolam indique également que Maurice, étant un «pays bénéficiaire de l'AGOA», bénéficie d'un accès au marché sans droits de douane pour environ 6 400 produits locaux aux États-Unis.
Une réunion s'est tenue au ministère des Affaires étrangères avec de hauts responsables des secteurs privé et public, afin de définir la voie à suivre et d'atténuer les conséquences sur notre économie. Navin Ramgoolam soutient également avoir présidé deux réunions avec le ministère des Affaires étrangères et celui des Finances. Une stratégie d'action a été adoptée et comprend, entre autres, des discussions avec les États-Unis au niveau bilatéral et régional, ainsi que des collaborations avec des pays partageant les mêmes idées, notamment les pays éligibles à l'AGOA, ainsi que l'Union africaine, dans le but d'élaborer une stratégie pour ouvrir des négociations avec les États-Unis.
Un comité de haut niveau, dit-il, a été mis sur pied par le gouvernement pour surveiller la situation et collaborer avec toutes les parties prenantes publiques, privées et étrangères afin d'atténuer les conséquences de l'ordonnance exécutive des États-Unis et garantir la continuité du commerce entre Maurice et les États-Unis.
Le calcul du tarif réciproque est basé sur le déficit commercial encouru entre les États-Unis et Maurice en 2024. Cette année-là, Maurice a exporté pour 234,5 millions USD vers les États-Unis, tandis qu'elle n'a importé que 48 millions USD de biens. Cela a entraîné un déficit commercial de 186,5 millions USD pour les États-Unis.
Navin Ramgoolam soutient que le gouvernement discutera avec les États-Unis, car l'ordonnance exécutive prévoit que le tarif réciproque peut être modifié si le pays prend des mesures significatives pour remédier aux accords commerciaux non réciproques et s'aligne suffisamment avec les États-Unis sur les questions économiques et de sécurité nationale.