Journée de désordre le 10 avril 2025 au Festival national de théâtre et du cinéma des écoles, à Nakuru, dans le centre du Kenya, le plus grand festival des arts dramatiques du pays. Des collèges et lycées de tout le territoire y représentent des oeuvres originales. Mais jeudi, les jeunes filles du lycée de Butere n'ont pas pu jouer leur pièce, censurée par les autorités. Elles se sont contentées d'entonner l'hymne national, avant d'être escortées hors du théâtre par la police.
La vidéo est partout sur les réseaux sociaux kényans. On y voit les jeunes filles du lycée de Butere, à Kakamega, dans l'ouest du Kenya, monter dans leur car scolaire, sous les tirs de gaz lacrymogènes de la police.
Quelques heures plus tôt, elles ont refusé de jouer leur pièce, Les Échos de la guerre, l'histoire d'un conflit générationnel dans un royaume fictif.
Censurée par le gouvernement en début de semaine pour son contenu politique, une décision de justice le 9 avril a fini par autoriser la représentation de l'oeuvre. Mais arrivées dans la salle de spectacle jeudi, les jeunes filles de Butere découvrent que leurs costumes, décors et éclairages, ont été confisqués par la police.
« Une honte nationale »
L'auteur et metteur en scène de la pièce, l'opposant Cleophas Malala, a également été arrêté. « Aucune légitimité ne peut être revendiquée par un gouvernement qui s'en prend à ses enfants », s'indigne Faith Odhiambo, présidente de la Société kényane du droit. Pour l'ancien Premier ministre et opposant, Kalonzo Muzyoka, les événements de la veille sont « une honte nationale ». « Quand l'art est censuré, la démocratie souffre », conclut-il.
Libéré dans l'après-midi hier, Cleophas Malala a promis de faire jouer sa pièce par des professionnels dans les théâtres kényans.