À Boundiali, au nord-ouest de la Côte d'Ivoire, se tient jusqu'au 12 avril 2025 le Djéguélé Festival. Djéguélé, en langue senoufo, signifie balafon : un instrument composé de calebasse et de lames de bois qui est mis à l'honneur depuis 9 ans durant cet événement international. Reportage.
Si le balafon senoufo est inscrit au patrimoine immatériel de l'Unesco pour faire vivre et évoluer cette culture musicale, il était important de l'exposer dans un festival comme celui de Boundiali.
C'est ainsi que Koné Dodo, le directeur du Djéguélé, a eu l'idée d'organiser ces rencontres où les artistes viennent des quatre coins de l'Afrique de l'Ouest. « Vous savez, le balafon est un instrument fondamental chez le peuple senoufo, souligne-t-il. À la naissance, on joue du balafon, parce qu'on est content. Aux champs, on joue du balafon pour encourager ceux qui labourent. Lorsqu'il y a un décès, le balafon est présent avec des intonations particulières pour monter que c'est triste et qu'il y a quelqu'un qui part. En fait, cet instrument ponctue la vie du peuple senoufo, de la naissance à la mort ».
L'une des invités d'honneur de cette 9e édition, la chanteuse burkinabè Amsa Barry, explique : « Durant ce festival on se retrouve et on parle de nos ancêtres, de tout ce qui vient de chez nous : la cohésion, le fait d'être ensemble, faire la fête ensemble et danser au son du balafon, que ce soit joué dans les genres maliens, senoufos ou burkinabè ou de partout ailleurs. »
Chanter et danser au Djéguélé Festival, mais aussi transmettre une tradition musicale ancestrale avec des rencontres et débats ponctués de quelques coups de mailloches sur douze lames de bois.
Le balafon est un instrument très important pour les peuples qui le pratiquent, car l'Afrique ne possède pas énormément d'instruments mélodiques et harmoniques. On peut citer le balafon, la kora, et la senza. À part cela, on a une majorité d'instruments rythmiques. Il est donc important de défendre ces instruments, qui nous permettent d'avoir à la fois de la mélodie et de l'harmonie. On peut faire à la fois du rythme et de la mélodie, donc on a l'habitude de le classer dans la famille des percussions mélodiques. C'est un instrument de musique qui devrait pouvoir non seulement parler le langage musical des peuples dont il est issu, mais aussi aller à la rencontre des autres cultures musicales. J'ai même écrit une sonate dans le style classique occidental et africain. Par ailleurs, j'ai repris «Fanta Diallo» d'Alpha Blondy et j'ai même collaboré avec lui sur deux de ses albums. Il m'apprécie bien, et je peux me glorifier d'avoir été le tout premier balafoniste à avoir joué sur un album d'Alpha Blondy.
03:35 Donatien Koné alias «Nékobala», musicien et professeur à l'Institut national supérieur des arts et de l'action culturelle, joueur de balafon programmé au Djéguélé Festival
Frédéric Garat