Ce vendredi au stade municipal de Berrechid, la Côte d'Ivoire affronte le Sénégal en quart de finale de la Coupe d'Afrique des Nations U-17 CAF TotalEnergies. Un choc entre la meilleure attaque du tournoi (10 buts inscrits) et la défense la plus solide (0 but encaissé).
Mais au-delà des chiffres, ce duel oppose deux conceptions du football de jeunes : expression libérée pour les Ivoiriens, rigueur maîtrisée pour les Sénégalais.
Le Sénégal en mission
Champion d'Afrique en titre, le Sénégal n'a rien concédé durant la phase de groupes : trois matchs, trois clean sheets, mais une attaque parfois en panne d'inspiration. Interrogé en conférence de presse d'avant-match, Pape Ibrahima Faye, sélectionneur des Lionceaux de la Teranga, n'élude pas la question : « Nous avons manqué d'efficacité, mais ce n'est pas un problème. Nous progressons. » L'essentiel, pour lui, est ailleurs : « Je respecte le football, quel que soit le niveau ou l'adversaire. »
Loin d'une quelconque revanche après l'élimination des A par la Côte d'Ivoire à la dernière CAN, Faye veut garder son groupe dans le bon tempo : « L'histoire, c'est bien. Mais moi, je ne dors pas sur l'histoire. Ce sont d'autres joueurs, une autre époque. »
Un discours que partage Ibrahima Aidara, vice-capitaine appliqué et lucide : « C'est un match important. On sait ce qu'on a à faire. Le staff est là pour nous aider à canaliser nos émotions. » La pression, notamment après un succès étriqué contre la Somalie (2-0), semble avoir laissé quelques traces. « On a confondu vitesse et précipitation, c'est vrai. Mais on travaille pour corriger ça », confie-t-il avec calme.
La Côte d'Ivoire, offensive assumée
En face, Bassiriki Diabaté revendique une philosophie de jeu résolument tournée vers l'offensive. À la tête de cette équipe depuis plus de deux ans, il se montre cohérent dans ses choix et constant dans ses principes. « Nous ne préparons pas nos matchs en fonction de l'adversaire. Nous n'avons même pas regardé de vidéos du Sénégal. Nous avons un projet de jeu clair, et nous nous y tenons. »
Son équipe a inscrit dix buts en trois matchs, portée notamment par l'élan du jeune Alynho Haïdara, auteur de six réalisations. Pourtant, Diabaté temporise : « Ce garçon a été propulsé titulaire à cause du paludisme d'un coéquipier. Il a fait le travail, oui, mais il n'y a pas de star chez nous. Le but, c'est de valoriser le groupe. »
Même discours du côté du jeune Yannis Touati, élégant et posé : « Le Sénégal, c'est solide, structuré. Mais nous sommes prêts. On vient pour jouer notre jeu. » Pour lui, affronter le champion sortant est « un bonus », car l'objectif initial est déjà atteint : « Nous sommes venus pour décrocher un billet pour la Coupe du monde. Le reste, c'est du supplément. »
Meilleure attaque contre meilleure défense
Difficile d'imaginer confrontation plus équilibrée. D'un côté, une équipe ivoirienne spectaculaire, adepte du jeu en mouvement, des passes courtes et de la prise de risque dans les 30 derniers mètres. De l'autre, une sélection sénégalaise disciplinée, rigoureuse, qui attend toujours l'explosion de son secteur offensif.
Pape Ibrahima Faye assure que ses jeunes n'ont pas été conditionnés à subir. « Notre philosophie, c'est d'aller de l'avant. Qu'on gagne ou qu'on perde, nous gardons nos principes. Nous ne sommes pas là pour faire des calculs. Ce sont les adultes qui font ça. Les enfants, eux, doivent jouer. »
Bassiriki Diabaté, lui, promet « un match de mouvement ». Il refuse toute forme de spéculation : « L'enjeu ne doit pas tuer le jeu. Et de toute façon, je ne sais pas entraîner une équipe qui défend. »
L'enjeu, mais pas la pression
Si les deux sélectionneurs se rejoignent sur un point, c'est bien la gestion mentale. Pas question de charger émotionnellement leurs joueurs. Pour Diabaté, « l'essentiel est fait. Nous avons obtenu notre qualification pour la Coupe du Monde. Le quart de finale est une récompense, pas un couperet. »
Le Sénégal, qui vise un second titre consécutif, ne tient pas le même discours. « Je ne suis pas favori, je n'ai encore rien gagné », glisse Faye, avant d'ajouter : « Mais j'ai faim. Et mes joueurs aussi. »
Une faim de victoire face à des Ivoiriens déjà rassasiés ? Réponse sur le terrain.