Ile Maurice: Soigner, mais à quel prix ? La détresse des aides-soignants

La tension monte dans les hôpitaux publics. Déjà confrontés à des retards dans le paiement de leurs heures supplémentaires, les aides-soignants dénoncent aujourd'hui une détérioration alarmante de leurs conditions de travail. Agressions, manque de respect, absence d'espaces de repos décents... certains dorment à même le sol. Face à cette situation intenable, une manifestation pacifique devant le ministère de la Santé est à l'étude.

Une photo circulant sur les réseaux sociaux illustre la gravité de la situation : des matelas entassés dans une pièce exiguë, avec pour tout aménagement une poubelle et un lavabo. Cela fait plus d'un an que ces conditions perdurent, selon Gheerishsingh Gopaul, secrétaire général de la Government Services Employees Association (GSEA). Ce sont les Female Health Care Assistants de l'hôpital Jawaharlal Nehru, à Rose-Belle, qui en font les frais.

«Ce n'est pas acceptable. Nous avons alerté, téléphoné, effectué des visites, envoyé des représentations. Mais malgré tous nos efforts, le ministère reste sourd», déplore-t-il. Il précise que cette situation ne concerne qu'un service spécifique de l'hôpital. «Ces employées dorment à même le sol, aux côtés des cafards et des lézards. Ce sont des conditions inhumaines. Il doit bien exister des espaces libres pour les reloger dignement. Malheureusement, on a le sentiment que certains ferment volontairement les yeux. Pour nous, la santé et la sécurité de nos membres sont prioritaires.»

La dégradation des conditions ne s'arrête pas là. La semaine dernière, un aide-soignant a été violemment agressé par un proche de patient à la mediclinic de Floréal. Un mois plus tôt, un autre a été blessé à l'arme blanche à l'hôpital de Mahébourg. Des médecins ont également été attaqués à l'hôpital Victoria. Pour Amarjeet Seetohul, président de la Ministry of Health Employees Union (MHEU), cette montée de violence est inquiétante. «Le personnel soignant est de plus en plus exposé et le ministère reste silencieux.»

Selon lui, cette insécurité permanente génère stress et démotivation, impactant la qualité des soins dans les hôpitaux comme dans les centres de santé. Il identifie plusieurs causes : la présence de personnes avec des comportements à risque (patients sous méthadone, détenus, individus violents ou en état d'ivresse), le manque de personnel et l'absence de communication efficace avec les usagers. «Un seul employé ne peut pas tout faire. Il est temps que le ministère reconnaisse cette surcharge et agisse en conséquence.»

Le président de la MHEU dénonce également la disparition d'un véritable service de customer care. «Autrefois, des agents formés à la communication patient-assistance étaient en poste. Aujourd'hui, on place des personnes non qualifiées aux guichets, ce qui peut aggraver les tensions.» Les lacunes en matière de sécurité sont aussi pointées du doigt. «Certains agents de sécurité ne sont ni formés ni physiquement aptes à ce type de mission. Passé 60 ans, il devient difficile de répondre aux exigences du terrain. Pire : certains sont affectés à la gestion du stationnement, au lieu de sécuriser les lieux.» Il ajoute que les postes de police situés dans l'enceinte des centres hospitaliers sont largement sous-dotés en effectifs.

Pour Amarjeet Seetohul, des solutions existent. «Il faudrait, par exemple, une unité dédiée à la surveillance par caméra, distincte de la direction de l'hôpital, qui ne peut assumer cette responsabilité en plus de ses nombreuses tâches. Il est urgent de mettre en place un système de vigilance efficace.» Le syndicaliste souhaite entamer un dialogue constructif avec le ministre de la Santé afin de proposer des mesures concrètes.

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