Sénégal: Thidely - La transformation des produits locaux, solution à l'autonomisation des femmes

Thidely (Kolda) — A Thidely, village de la commune de Coumbacara, dans le département de Kolda (sud), l'autonomisation des femmes par l'exercice d'activités génératrices de revenus passe par l'entreprenariat.

Soutenues par le programme "Batonga", une initiative de la fondation Mastercard, elles s'activent dans la transformation de produits locaux, notamment la production de savon.

Pour se rendre à Thidely, il faut parcourir environ 105 kilomètres entre Kolda et Wedina Demba, en passant par Sare Niel et Dabo et une piste latéritique de plus 25 kilomètres, qui offre à la vue des voyageurs un paysage luxuriant. Au bout, une forêt marque l'entrée de Thidely.

En cette matinée ensoleillée, le village est animé. Sa riche flore, composée en grande partie de manguiers, constitue un véritable trésor pour Thidely.

C'est sous un de ces grands arbres fruitiers, à l'entrée du village, que des femmes du groupement "Jam Weli" expose leurs produits, du savon fait localement, à base d'huile d'arachide et de palme.

Elles le fabriquent dans une maison située à quelques encablures de la mosquée du village. Ce matin-là, les femmes du groupement "Jam Weli" sont en pleine activité de production. Aïssatou Diallo, leur business coach explique le processus de fabrication.

"Ce savon est produit à base d'huile de palme avec un pressage à chaud. Celui-ci est fait avec de l'huile d'arachide avec un pressage à froid", dit-elle montrant du doigt les deux types de savon.

Trouvées en pleine activité, la détermination, la motivation et l'engagement des femmes du groupement dont l'objectif est d'accéder à l'autonomisation par des activités génératrices de revenus, sautent à l'oeil.

L'accompagnement de la fondation "Batonga" aux femmes salué

"Nous sommes contentes de l'accompagnement par le programme +Batonga+", soutient Aïssatou Diallo, pendant que ses consoeurs, qui acquiescent, restent concentrées sur leurs tâches.

" Le savon était un besoin quotidien pour les femmes de notre village. Avant, pour s'en procurer, il fallait se rendre dans les marchés hebdomadaires, dans les localités environnantes, ou se déplacer jusqu'à Kolda, pour s'en procurer", renseigne-telle.

Aujourd'hui, cela n'est plus qu'un vieux souvenir, grâce au programme "Batonga".

'C'est génial ce que nous parvenons à faire", s'enthousiasme la business coach de "Jam Weli", faisant observer que son groupement s'active également dans la transformation de produits céréaliers et la production d'eau de javel.

"La production de savon est une activité rentable, qui nous permet d'avoir des revenus. Avec l'argent gagné, nous participons aux activités sociales du village. De plus, grâce au programme +Batonga+, les femmes du village sont de plus en plus solidaires", lance-t-elle, alors que ses camarades s'affairent dans l'emballage des savons déjà produits.

Huit communes de Kolda et Sédhiou bénéficiaires

Déployé dans huit communes des régions de Kolda et de Sédhiou, le programme "Batonga" oeuvre en faveur des jeunes filles et des jeunes femmes en zone rurale, confrontées au mariage précoce, à la déperdition scolaire, aux grossesses précoces et aux difficultés d'accès aux opportunités économiques. Par une approche innovante et inclusive, le projet transforme des vies par le renforcement du leadership féminin, l'autonomisation des femmes, tout en sensibilisant les hommes pour un changement de mentalité concourant au développement socio-économiques des communautés.

Le programme "Batonga" enrôle des jeunes filles âgées de 14 à 18 ans exposées à des violences telles que les abus sexuels, les grossesses précoces, les mariages précoces, entre autres. "Il intègre également les femmes âgées de 18 à 35 ans confrontées aux défis de l'autonomisation économique, à l'accès limité aux opportunités de formation et d'emploi", ajoute Ndèye Absa Guèye, chargée du volet "Autonomisation économique des femmes" du programme "Batonga".

Ce projet a également lancé un programme radio afin de créer des espaces de sensibilisation, de plaidoyer et de partage de ses interventions.

"Trente femmes reporters ont été formées à la réalisation et l'animation d'émissions, de reportages. Quarante-deux femmes mentors sont formées et outillées pour accompagner les jeunes filles dans la lutte contre les violences domestiques. Cinquante business coachs spécialisées dans l'autonomisation économique des femmes sont également formées pour accompagner les femmes et cent-huit hommes et garçons champions formés et sensibilisés sur la masculinité positive", selon Ndèye Absa Guèye.

Un réseau de femmes reporters, dans le cadre du volet "Radio et Digitaux" du programme "Batonga" a été créé pour développer le concept de "journalisme citoyen" et les aptitudes de communication de ces dernières. Les émissions portent essentiellement sur l'actualité locale, les questions importantes ayant trait aux droits des femmes, à leur accès aux ressources productives, la santé reproductive, etc.).

Selon Ndèye Absa Guèye, "seize émissions ont été réalisées portant sur des thèmes liés à l'exclusion sociale, l'importance de l'éducation des filles, les grossesses précoces en milieu communautaire et scolaire, entre autres".

L'innovation du programme réside dans la mise en place d'un modèle reproductible de renforcement du leadership des jeunes filles et d'autonomisation des femmes, souligne la responsable du volet "Autonomisation économique des femmes".

"Transformer le potentiel des femmes en pouvoir"

Les bénéficiaires sont également formées au digital et équipées pour réduire le fossé numérique entre les zones urbaine et rurale.

"Aujourd'hui, elles utilisent des outils digitaux pour tenir leurs réunions et répertorier les informations financières liées à leurs activités", se réjouit Mme Guèye.

L'outil numérique, souligne-t-elle, "garantit une plus grande transparence, une fiabilité et une sécurité des données, notamment en ce qui concerne l'épargne des membres, en plus de renforcer l'inclusion financière" des membres du groupement "Jam Welli".

Le programme "Batonga" accompagne depuis une année et demi les femmes bénéficiaires à travers des formations, un coaching et une subvention qui leur a permis de démarrer des activités génératrices de revenus. "Nous essayons de transformer le potentiel de ces femmes en pouvoir. Nous voulons qu'elles soient autonomes quand le programme arrivera à terme", espère Ndeye Absa Gueye.

D'ci 2030, l'objectif visé par la Fondation Mastercard, initiatrice du programme "Batonga" est de "créer 30 millions d'emplois dignes, plus précisément 6,2 millions en Afrique de l'Ouest, dont 70% pour les femmes", a indiqué Coura Aïcha Ba, qui travaille pour la fondation caritative canadienne.

Les bénéficiaires saluent l'initiative

Le programme "Batonga" est déployé en réponse à la vulnérabilité et aux multiples défis auxquels sont confrontés les filles et les femmes.

"Il m'a permis d'acquérir une expérience concernant les nombreux défis tels que les grossesses précoces, les violences basées sur le genre, par exemple" se félicite Saco Sabaly, élève en classe de troisième au collège de Thidely et membre du club de cet établissement scolaire.

"Grâce aux formations acquises, grâce à +Batonga+, beaucoup de filles du village savent maintenant comment se comporter à l'égard des personnes âgées, comment s'exprimer en public", renchérit une autre adolescente, qui souhaite incorporer l'armée sénégalaise.

Leur mentor, Salimatou Baldé, précise que les "filles du programme ont reçu des enseignements axés sur les thèmes du leadership féminin, du droit des filles, etc.", dans les quatre clubs associatifs que compte Thidely.

Grâce à des initiatives comme celles soutenues par la Fondation, dans ce village, l'autonomisation des femmes et des jeunes filles est une réalité, exerçant des activités telles que l'élevage, l'agriculture et la transformation des produits agricoles.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.