Ile Maurice: Harvesh Seegolam avait rapporté l'interférence de Renganaden Padayachy à l'ancien PM

Les projecteurs sont actuellement braqués sur l'ancien ministre des Finances, Renganaden Padayachy, à la suite de son arrestation survenue, le mercredi 9 avril, en vertu de l'article 43 de la Financial Crimes Commission Act, ayant trait à la fraude par abus de position. Cette arrestation s'inscrit dans le cadre de l'enquête sur l'implication présumée de Padayachy dans les affaires internes de la Mauritius Investment Corporation (MIC), en particulier dans le controversé «deal Apavou».

Pravind Kumar Jugnauth dément ces propos

PKJ à la FCC : un timing troublant

Dans un développement parallèle mais lié, l'ancien Premier ministre, Pravind Kumar Jugnauth (PKJ), s'est présenté précipitamment au quartier général de la FCC, hier, en compagnie de son avocat, Me Raouf Gulbul, moins d'une semaine après sa deuxième audition dans l'affaire des valises contenant Rs 114 millions et dont Josian Deelawon a toujours allégué qu'elles appartiennent à l'ancien Premier ministre.

Selon nos informations, le nom de PKJ aurait été évoqué lors de l'audition d'Harvesh Seegolam, le 9 avril. L'ancien gouverneur de la Banque de Maurice (BoM), aurait expliqué que l'ancien ministre des Finances s'ingérait tellement dans les affaires de la MIC qu'il avait évoqué ces ingérences avec l'ancien Premier ministre. Harvesh Seegolam n'a pas caché à Renganaden Padayachy qu'il s'etait plaint de ses ingérences aupres de Pravind Jugnauth.

Réponse de l'ex ministre des Finances : «Mo osi mo ena mo premie minis». Hier, vendredi, PKJ a catégoriquement nié les propos tenus par Harvesh Seegolam, affirmant que ce dernier ne s'était jamais plaint du comportement de Padayachy auprès de lui. D'aucuns y voient une tentative de l'ancien Premier ministre de protéger son ancien ministre des Finances, influent au Mouvement socialiste militant et très proche de Lakwizinn, coeur du pouvoir.

Harvesh Seegolam veut sauver sa peau

Alors qu'un mandat d'arrêt a été émis contre l'ancien gouverneur de la BOM, mercredi, craignant une deuxième arrestation, Harvesh Seegolam a décidé de tout dévoiler pour qu'il soit relâché sur parole mais la FCC serait en présence d'évidences concordantes, qui auraient satisfait le commissaire de police et ont fait qu'il soit arrêté. Initialement accompagné de Me Imtaeaz Mamoojee dans la soirée du mercredi, l'ancien gouverneur de la BOM a ensuite fait appel à Me Roshi Bhadain, suite à l'évolution défavorable de la situation, notamment en lien avec des accusations provisoires de «conspiracy to defraud», une première liée au décaissement de Rs 45 M par la MIC à Pulse Analytics, entreprise classée à haut risque (niveau 5), le 28 octobre 2024, qui lui avait valu une arrestation.

Mardi, Jitendra Bissessur, ancien Chief Executive Officer de la MIC, aurait corroboré les accusations d'ingérences de l'ex-ministre des Finances, alléguant avoir subi des pressions directes de sa part. Lors de son audition, jeudi, à la FCC, l'ex-ministre des Finances a rejeté toute implication et a nié avoir exercé la moindre pression sur les dirigeants de la MIC, insistant sur le fait que la MIC relève de la BoM.

«Deal Apavou» : une transaction douteuse de Rs 2,4 milliards

Les enquêteurs de la FCC ont aussi examiné le «deal Apavou», une transaction initialement proposée à Rs 2,1 milliards mais qui aurait finalement atteint Rs 2,4 milliards, soit une différence de Rs 300 millions. Selon les enquêteurs de la FCC, cette somme aurait pu être indûment versée à la société Verde Frontier Solutions Ltd, agissant prétendument en tant qu'agent consultant de l'opération. Dirigée par Dirish et Venna Noonaram, cette société est désormais au centre des investigations, notamment pour son rôle opaque dans l'acquisition des actions de l'East Coast Hotel Investment du groupe Apavou.

FCC : la nouvelle force motrice de la transparence institutionnelle

Dans cette affaire d'une ampleur inédite, la FCC joue un rôle de premier plan. Depuis sa restructuration sous le nouveau gouvernement, elle se positionne comme l'institution phare chargée de faire la lumière sur les pratiques opaques et de restaurer la confiance du public.

L'affaire MIC mobilise une équipe d'enquêteurs de la FCC, qui est particulièrement active et avance sur plusieurs dossiers en parallèle. C'est dans ce contexte qu'est apparu ce que l'on nomme déjà la «Padayachy Connexion», impliquant diverses sociétés bénéficiaires de fonds publics.

Autres ramifications: MMG et Kuros Construction Ltd

Parmi les ramifications les plus notables, on retrouve la transaction de Rs 30 milliards entre la State Trading Corporation (STC) et le groupe Mercantile & Maritime Group (MMG), basé à Bahreïn. Cet achat de carburant, effectué sans appel d'offres, a suscité de vives critiques au sein du ministère du Commerce, en raison de son manque de transparence.

Par ailleurs, la société Kuros Construction Solutions Ltd a fait l'objet d'une perquisition par les éléments de la FCC, après avoir reçu une aide de Rs 400 millions de la MIC, soidisant pour assurer sa pérennité. Les enquêteurs cherchent désormais à comprendre les critères d'éligibilité et les modalités d'octroi de cette aide, soupçonnée d'avoir été injustement attribuée.

La société Verde Frontier Solutions Ltd, dirigée par le couple Dirish et Venna Noonaram, est actuellement sous le microscope de la FCC. Elle aurait joué un rôle clé dans l'acquisition des actions de l'East Coast Hotel Investment du groupe Apavou. Ce deal, évalué à 48 millions d'euros (Rs 2,4 milliards) alors que l'offre initiale était évaluée à Rs 2, 1 milliards, soulève des interrogations sur les pratiques de cette entreprise dans ces transactions, notamment son rôle en tant que «consultant agent» dans cette acquisition. Cette compagnie aurait-elle empoché les Rs 300 millions de différence ? C'est ce que les enquêteurs de la FCC tentent de comprendre en épluchant les contrats obtenus par cette compagnie.

Une proposition de paiement en liquide de Rs 13 M par Padayachy ?

Au cours de la soirée suivant l'arrestation de Renganaden Padayachy, mercredi, Sébastien de Robillard, Head of Sales chez ENL Property, a été entendu par les enquêteurs de la FCC. Lors de cette audition, la FCC s'est penchée sur une tentative d'acquisition d'un bien immobilier de luxe d'une valeur de Rs 13 millions dans le cadre du projet Moka Smart City, piloté par ENL Property. Selon les informations recueillies par les enquêteurs, Renganaden Padayachy aurait manifesté son intention de payer la totalité de cet achat en liquide, ce qui a immédiatement attiré l'attention en raison de son statut de politically exposed person qui implique des exigences strictes en matière de due diligence. Face aux procédures internes de conformité imposées par ENL, la transaction n'aurait finalement pas abouti. Toutefois, certaines sources avancent une version contradictoire, laissant entendre que l'achat aurait bel et bien été conclu, ce que la FCC cherche actuellement à vérifier.

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