En Afrique du Sud, environ 200 personnes se sont rassemblées vendredi 11 avril à Pretoria, sur la pelouse au pied des bâtiments de la présidence, pour manifester leur colère face aux violences faites aux femmes. La nation arc-en-ciel est particulièrement touchée par ce fléau avec, selon les derniers chiffres de la police, près de 10 femmes tuées chaque jour, principalement par leur partenaire. Face au manque d'actions et de résultats des politiques publiques, les participantes réclament que l'état de catastrophe nationale soit déclaré.
Le choix du lieu est très symbolique : c'est ici, en 1956, qu'une grande marche avait rassemblé des milliers de femmes pour protester contre les lois de l'apartheid. Désormais, c'est une autre cause qui mobilise. « J'ai été victime d'une agression sexuelle et ça m'a beaucoup touchée. Maintenant, je sors toujours avec un taser. Le fait de constamment penser que quelque chose pourrait m'arriver, ou de surveiller sans cesse la façon dont je m'habille, ça me donne un sentiment d'emprisonnement », évoque Oreneile, 20 ans.
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Le dernier incident qui a ému l'opinion publique est le viol d'une enfant de sept ans à l'est du pays. La liste des victimes ne cesse de s'allonger, et les participantes à la manifestation répètent le slogan « Am I next ? » (Suis-je la prochaine ?).
Tumi Lesala, membre de l'organisation Women for Change est à l'origine du rassemblement. « Nous sommes en colère, fatiguées et nous en avons assez. Nous appelons l'État à nous rejoindre et à entendre notre désarroi, car il faut qu'il y ait une intervention », fustige-t-elle.
Des mesures gouvernementales qui peinent à se concrétiser
Le gouvernement de Cyril Ramaphosa a pourtant mis en place un plan d'action pour lutter contre les violences faites aux femmes, mais les mesures peinent à se concrétiser, notamment sur le plan législatif. L'avocate Tamika Thumbiran explique : « Il y a eu le passage de lois et la mise en oeuvre de politiques pour protéger les survivantes, mais sur le terrain, nous n'en voyons pas les effets. Donc, il y a un problème dans l'application de ces textes et de ces politiques. »
Face à cette situation, une pétition demande désormais que l'état de « catastrophe nationale » soit déclaré, pour que ce fléau attire plus d'attention et de ressources de la part des pouvoirs publics.
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