L'élevage pastoral représente près de 90% de la production de viande rouge consommée en Afrique de l'Ouest.
Ce mode d'élevage mobile repose sur la transhumance, les éleveurs déplaçant leur bétail à la recherche de pâturages et d'eau. Si cette pratique est essentielle pour les communautés pastorales, elle fait face à plusieurs défis, notamment au Sénégal, où les éleveurs sont de plus en plus contraints de chercher de nouveaux territoires de transhumance. Ces déplacements génèrent des tensions avec les agriculteurs locaux.
Sous l'impulsion de la Mongolie, pays d'élevage par excellence, les Nations unies ont proclamé l'année 2026 comme l'Année internationale du pastoralisme et des pâturages. Cette initiative vise à encourager les États à adopter des politiques favorables au développement du pastoralisme et à sensibiliser le public. Des éleveurs pasteurs de Mongolie ont ainsi visité la région de Louga au Sénégal en novembre dernier pour échanger avec leurs homologues sénégalais, afin de partager leurs expériences et mutualiser leurs connaissances.
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Mais les éleveurs transhumants sénégalais sont préoccupés par l'avenir de leur métier. Le changement climatique impacte directement l'élevage pastoral. Le retard du début des saisons des pluies, leur variabilité et la fréquence des inondations ou sécheresses perturbent la transhumance. Dans le nord du Sénégal, les terres traditionnellement utilisées pour l'élevage voient une diminution de leur superficie. Les éleveurs doivent ainsi rediriger leurs parcours vers le sud, ce qui provoque des conflits avec d'autres utilisateurs des ressources naturelles.
Tensions avec les pays voisins
En effet, certains pays voisins imposent des restrictions à la transhumance, une pratique pourtant essentielle à leur activité. Parmi eux, Kalidou Ba, secrétaire général de l'EGAB (Entente de groupements associés pour le développement à la base - une organisation agropastorale dans les régions de Matam et Louga).
Y'a des éleveurs sénégalais qui quittent ici pour aller au Mali, en Gambie et même en Guinée qui commencent à interdire la transhumance transfrontalière. Si aujourd'hui y'a un pays qui dit que voilà, c'est fini la transhumance transfrontalière, on a des problèmes. Les pays côtiers aussi comme le Togo. Il y a des restrictions qui commencent à se dessiner à une partie de l'année.
On dit on va fermer les frontières à cette date, on va ouvrir les frontières. C'est des règles qui ne vont pas favoriser la transhumance transfrontalière, mais aussi le Sénégal est dans la zone CEDEAO, Les autres pays commencent à dire que nous, on est alliance des États du Sahel. Est-ce que tout ça ne va pas me poser des problèmes avec la transhumance transfrontalière ? Parce que la CEDEAO a ses règles, l'AES aussi pour avoir des règles différentes, ce sont des problèmes qui commencent à nous poser des questions.
01:01 Kalidou Ba, secrétaire général de l'EGAB, réagit sur les restrictions sur la transhumance en Afrique du l'Ouest
Le nouveau code pastoral du Sénégal attend sa mise en oeuvre
Il faut donc une gestion concertée et pacifiée de celles-ci. Stefano Mason, vétérinaire et responsable du programme élevage et santé animale à l'AVSF (Agronomes et vétérinaires sans frontières), souligne que « de ces ressources, les pâturages et l'eau, dépendent la vie et la survie des communautés pastorales ».
Pour améliorer la gestion de l'espace pastoral, le Sénégal a adopté un nouveau code pastoral en 2023, qui attend désormais d'être appliqué. Ce texte devrait permettre de mieux organiser les zones pastorales, d'aménager des espaces spécifiques pour l'élevage et d'instaurer des règles pour une exploitation équilibrée des ressources agro-sylvo-pastorales.
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