Ile Maurice: Le collectif plaide pour une réouverture urgente

Le Collectif Citoyens de l'île aux Bénitiers a tenu une seconde rencontre avec le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, qui préside également le comité interministériel mis en place pour superviser la gestion et le développement de l'île aux Bénitiers, le mercredi 9 avril. Cette réunion, qui s'est tenue en présence du président du conseil de district de Rivière Noire et de la Senior Advisor du Premier ministre adjoint, fait suite à une première prise de contact le 27 mars dernier.

Le collectif, qui regroupe des représentants du conseil du village de La Gaulette, de l'ONG Coral Garden Conservation, des plaisanciers et skippers opérant dans l'Ouest, ainsi que des commerçants, artistes et habitants du Sud-Ouest, est directement concerné par cette fermeture. Il souligne que cette décision unilatérale, prise sans concertation, a plongé des centaines de familles dans une précarité économique dramatique, tout en laissant planer le doute sur les intentions réelles du gouvernement concernant l'avenir du site.

Lors de la réunion, le collectif a présenté les résultats d'un recensement ciblé participatif lancé à la suite de la première rencontre. Ce travail de terrain a permis d'identifier au moins 550 personnes vivant directement des activités économiques liées à l'île aux Bénitiers, qu'il s'agisse de propriétaires de bateaux à usage commercial, de skippers, cuisiniers, installateurs de tentes, artistes, commerçants ou prestataires de services touristiques. Ce chiffre n'inclut pas les fournisseurs indirects comme les pêcheurs, les marchands de banian ou encore les taxis, ni les détenteurs de bateaux privés.

Parmi les points cruciaux abordés figure également l'enlèvement des débris laissés sur place à la suite des démolitions réalisées par la Special Mobile Force (SMF), sous les directives du ministère du Logement et des Terres. Un appel d'offres aurait été lancé et le contrat d'enlèvement devait être attribué dès le 10 avril. Le collectif regrette toutefois l'absence de visibilité sur le début effectif des travaux, alors que les débris jonchent encore plusieurs zones de l'île, posant un risque réel pour l'environnement. En cas de grande marée, ces matériaux pourraient être emportés vers le lagon, affectant gravement l'écosystème marin, selon le collectif, qui rappelle qu'il avait proposé son aide gratuitement pour participer au nettoyage, dans un esprit de collaboration citoyenne, mais que cette offre n'a pas été retenue.

La question des difficultés économiques subies par ceux directement concernés a été l'un des aspects les plus sensibles de la rencontre. Pour de nombreuses familles vivant déjà dans des conditions précaires, l'arrêt brutal des activités sur l'île représente une menace directe à leur subsistance. Le collectif s'est dit profondément inquiet du fait qu'aucun plan de soutien ou compensation n'ait été envisagé par les autorités jusqu'ici, alors que cela fait plus de trois semaines que la fermeture est en vigueur. Il a lancé un appel fort pour une réouverture rapide, même partielle, afin de permettre la reprise progressive des activités et ainsi assurer un minimum de stabilité financière aux familles concernées.

Quant à l'avenir de l'île, le collectif a exprimé ses inquiétudes face à l'éventualité d'un développement qui ne tiendrait pas compte de son identité culturelle et naturelle. Il s'oppose fermement à toute tentative de transformer l'île aux Bénitiers en une destination sur le modèle de l'île aux Cerfs, avec des infrastructures touristiques massives et standardisées. Selon les retours des visiteurs, ce sont justement le charme authentique, la simplicité et le folklore local qui attirent les touristes à l'île aux Bénitiers. Le collectif plaide pour une structuration intelligente du site, qui préserverait son cachet tout en répondant aux besoins fondamentaux des opérateurs : gestion des déchets, sécurité, régulation des activités, et surtout protection de l'environnement.

Dans cette optique, les membres du collectif ont demandé l'inclusion officielle de l'île aux Bénitiers dans la buffer zone de l'UNESCO, étant donné sa proximité immédiate avec Le Morne Brabant, site inscrit au patrimoine mondial. Cette reconnaissance permettrait une meilleure sauvegarde du site, tout en valorisant son importance culturelle et historique. Le collectif souhaite aussi être impliqué dès le début dans la planification de tout projet futur, ainsi qu'au sein du comité technique qui sera chargé de piloter le développement de l'île.

Au-delà des revendications, le collectif a renouvelé son engagement concret envers la protection et la valorisation de l'île. Il propose de prendre en charge, à ses frais et en collaboration avec le conseil de village de La Gaulette et le conseil de district de Rivière Noire, l'entretien quotidien et l'embellissement de l'île après les premiers travaux de nettoyage. Il annonce également la mise en oeuvre d'un plan de préservation du site emblématique de Crystal Rock, avec des études déjà soumises aux autorités depuis mars dernier. Par ailleurs, le collectif souhaite contribuer activement à la restauration du lagon du Morne, conformément au Lagoon Management Plan mis en place sous l'égide de l'UNESCO.

Enfin, le collectif a dénoncé un manque flagrant de planification et d'organisation de la part du ministère du Logement et des Terres, qui a agi de manière précipitée en ordonnant la fermeture de l'île sans consulter les principaux acteurs de terrain. Les conséquences néfastes de cette fermeture auraient pu être évitées si les autorités avaient pris le temps d'instaurer un véritable dialogue avec les parties prenantes. Le collectif espère désormais que la voie du dialogue, ouverte grâce à l'intervention de Paul Bérenger, se poursuivra de manière sincère et inclusive. Il affirme sa volonté de participer activement à l'élaboration d'un projet de développement durable pour l'île aux Bénitiers, respectueux de son environnement, de son histoire, et surtout des communautés qui en dépendent.

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