En 2019, Showkutally Soodhun promettait de transformer Phoenix en une «New York City». Six ans plus tard, cette promesse semble bien lointaine. Les habitants s'accordent toutefois sur une chose : malgré sa réputation de ville «morte», Phoenix renaît sans cesse de ses cendres, à l'image du mythique oiseau dont elle porte le nom.
À l'approche des élections municipales, les attentes sont nombreuses. Pourtant, beaucoup d'habitants admettent oublier jusqu'à l'existence de la municipalité tant certains quartiers sont laissés à l'abandon, croulant sous les problèmes et les manquements.
Entre la prolifération des rats et des chiens errants -- conséquence d'un non-respect des lois par certains propriétaires et d'un manque d'action des forces de l'ordre -- et des rues constamment sales, la ville semble livrée à ellemême. Il y a encore beaucoup à faire pour redonner espoir aux Phéniciens.
(La station de métro de Palmerston, dont l'accès se fait uniquement par des escaliers, pose de grandes difficultés aux personnes ayant des problèmes de mobilité.)
Si Palmerston dispose bien de sa station de métro, les marches qui y mènent sont totalement inaccessibles aux personnes âgées ou en situation de handicap. Ces dernières doivent se rendre jusqu'à la station située au centre commercial Phoenix Mall. Une situation dénoncée par Mantee, qui regrette que les autorités n'aient pas pensé à ceux qui ont des difficultés à se déplacer. Elle pointe également le manque d'éclairage sur le trajet, une fois la nuit tombée.
Les habitants de Résidence Palmerston doivent quant à eux composer avec la présence constante de chiens et de rats. Les propriétaires laissent aussi souvent leurs animaux errer dans les rues à toute heure, parfois même spécifiquement entre 21 h et 6 h du matin. Et ce, en dépit des lois en vigueur. «Les propriétaires font leur propre loi», déplorent les résidents, qui affirment avoir multiplié les plaintes auprès du poste de police, sans résultat.
Le jardin d'enfants de la résidence n'est guère mieux loti : toutes les structures de jeu ont été retirées et jamais remplacées.
Les habitants saisissent l'occasion des élections pour lancer un appel au futur maire et à son équipe : la création d'un parking, dont la résidence est dépourvue depuis sa création, et la révision du système de ramassage des ordures. Ce dernier n'a lieu qu'une fois par semaine, à des jours et heures aléatoires. «Pa kone kan pou tir salte. Zour ou tire zot pa vini. Si ou rat zour ou bizin atan lot semen», se plaint Aurore.
Avec ses quelque 113 000 habitants, Phoenix est, avec Vacoas, la deuxième plus grande ville du pays. Elle regroupe des quartiers comme Highlands, Camp Fouquereaux, Clairfonds, Mesnil, Hermitage, Belle-Terre, Riverside, Petit-Camp, Valentina ou encore Closel.
(Le cimetière de Phoenix, tristement délaissé, témoigne d'un manque d'entretien flagrant.)
Et si vous connaissez Phoenix, vous savez que vous y êtes dès que vous sentez ce parfum de houblon, émanant de la célèbre brasserie située à Petit-Camp. Juste à côté, les résidents réclament un système de transport public - van ou autre - car l'arrêt d'autobus est bien trop éloigné, surtout pour ceux vivant de l'autre côté de la rivière. En remontant vers Highlands, ce sont les rues délabrées qui posent problème : «Tou semin kase isi, gro-gro trou partou kot pase», lance un habitant excédé.
Au-delà des problèmes d'infrastructures et d'hygiène, les adolescents de la ville pointent un autre manque : l'absence d'activités ou de loisirs gratuits. À Palmerston, un gymnase existe, mais il tombe en décrépitude et ne possède presque aucun équipement. «Et pourtant, on vous oblige à vous inscrire à la municipalité pour pouvoir y accéder», dénoncent-ils.
Enfin, Phoenix, c'est aussi de gros embouteillages. Malgré ses centres commerciaux, son complexe sportif, sa piscine Emirates, son auditorium, sa zone industrielle et ses flyovers, la circulation reste un cassetête quotidien. «Les politiciens agissent toujours en ciblant quelques zones, jamais la ville dans son ensemble. Résultat : Phoenix est encore très loin du rêve américain», tranche un chauffeur de taxi.