Ile Maurice: FMI - Une croissance encore robuste, mais des vents contraires à l'horizon

Portée par une croissance soutenue de 4,7 % l'année dernière, tirée essentiellement par les secteurs des services, du tourisme et de la construction, l'économie mauricienne devrait connaître une progression moins favorable cette année, avec un taux attendu de seulement 3,0 %. En cause : l'affaiblissement de la demande extérieure, le ralentissement de l'activité touristique et les effets d'une grave sécheresse sur l'agriculture et les infrastructures.

C'est le constat préliminaire dressé par l'équipe du Fonds monétaire international (FMI) conduite par Mariana Colacelli, au terme de sa visite à Maurice dans le cadre des consultations au titre de l'Article IV. «L'économie continue d'afficher une dynamique positive, mais il est nécessaire de recalibrer le cadre de politique macroéconomique afin de reconstituer des marges de manoeuvre budgétaires et de renforcer sa résilience à long terme», a souligné hier, face à la presse, la cheffe de mission.

L'inflation, qui avait atteint 7 % en 2023, a fortement ralenti en 2024 pour s'établir à 3,6 %, et elle est restée contenue à 2,5 % en mars 2025, dans la fourchette cible de la Banque de Maurice (BoM) (2-5 %). Cette baisse est attribuée à la détente des prix internationaux des denrées alimentaires et de l'énergie, ainsi qu'à la réduction des droits d'accise sur les carburants.

Mais cette embellie sur le front des prix contraste avec une situation budgétaire préoccupante. Le déficit primaire est prévu à 6,6 % du PIB en 2024-25, tandis que la dette publique devrait frôler les 90 % du PIB d'ici juin 2025. Le FMI appelle ainsi à une consolidation budgétaire ambitieuse et favorable à la croissance dès l'exercice 2025-26. Il recommande d'augmenter les recettes fiscales, de réduire les dépenses courantes, tout en protégeant les plus vulnérables et en renforçant la gouvernance des finances publiques.

Parallèlement, la BoM doit rester prête à resserrer davantage sa politique monétaire si les pressions inflationnistes devaient réapparaître. «La mise en oeuvre du cadre de politique monétaire doit être renforcée et l'indépendance de la Banque doit être préservée. La préservation des réserves de change renforcera la résilience de l'économie face aux chocs externes. Nous soutenons les autorités dans leur projet de retrait progressif de la participation de la BoM dans la Mauritius Investment Corporation», a affirmé la cheffe de mission.

Au-delà des ajustements macroéconomiques, le FMI insiste sur la nécessité d'avancer sur les réformes structurelles pour améliorer la compétitivité externe, favoriser une croissance tirée par le secteur privé et renforcer la résilience face aux changements climatiques. Parmi les priorités, figurent la réforme du marché du travail, le renforcement des compétences, l'amélioration du cadre de gouvernance et la poursuite des efforts en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

Le FMI souligne par ailleurs l'importance de préserver la stabilité financière, en appelant à une vigilance accrue vis-à-vis des risques macro-financiers, notamment ceux liés au secteur immobilier et aux sociétés de Global Business opérant à Maurice.

D'autre part, face aux nombreuses questions de la presse l'invitant à commenter The State of the Economy et les allégations de falsification des principaux indicateurs économiques, Mariana Colacelli s'est contentée de préciser que le FMI travaille avec les autorités mauriciennes pour s'assurer que les statistiques nationales soient transparentes et conformes aux normes internationales.

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