Dans le nord du Burkina Faso, Djibo a de nouveau été attaquée ce 10 avril. Les postes avancés de l'armée, situés à la sortie de la ville, ont subi un assaut revendiqué par les terroristes du JNIM. Les habitants ont entendu des tirs nourris pendant une bonne partie de la matinée. Depuis trois ans, la ville de Djibo, chef-lieu de la province du Soum dans le nord du Faso, vit sous blocus imposé par les jihadistes. Impossible pour les habitants de rentrer ou de sortir sans risquer de subir les représailles des groupes armés. La situation humanitaire est alarmante, à tel point que la famine y a déjà fait des victimes.
Depuis le début du blocus en février 2022, Djibo illustre les défis sécuritaires auxquels est confronté le Burkina Faso depuis une décennie. Régulièrement prise d'assaut par les terroristes, la ville du nord, réputée pour son marché à bétail, sombre dans la catastrophe humanitaire. Coupés du reste du pays, les habitants peinent à répondre à leurs besoins les plus basiques et sont parfois obligés de se nourrir de feuilles d'arbre bouillies ou d'abattre leur bétail, pourtant précieux pour de nombreuses familles.
Un blocus qui fait des victimes
Dès la première année du blocus, au moins huit enfants sont morts de faim, poussant une centaine de femmes à manifester, calebasses et bidons vides dans les mains pour montrer aux autorités que les estomacs se creusent. Les ravitaillements aériens de l'armée burkinabè restent insuffisants et les convois routiers essuient des attaques. Comme celle de Gaskindé en septembre 2022, qui a eu pour résultat le putsch contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba !
Aujourd'hui, Djibo a tout d'une cité fantôme. Une source sécuritaire affirme anonymement que les habitants sont cantonnés dans les quartiers proches du camp militaire, encerclé par des tranchées. L'omerta est absolue car ceux qui parlent subissent les représailles des jihadistes ou les interrogatoires de l'armée.