Lundi 14 avril, cela fera un mois qu'Alou Badra Sacko est détenu dans une prison secrète de la Sécurité d'État. Cette figure de la société civile malienne, président du Collectif touche pas à mon argent (Dôrômê kélé té Bôh Alà) et coordinateur de l'Appel du 20 février pour le retour à l'ordre constitutionnel au Mali, a été enlevé le 14 mars en pleine rue, à Bamako. Il venait d'organiser une réunion pour contester les nouvelles taxes instaurées par les autorités de transition sur les services téléphoniques. Un mois plus tard, sa famille n'a reçu aucune nouvelle et ses camarades militants, terrifiés, ne peuvent qu'exprimer leur désarroi.
« Non seulement nous n'avons aucune information, explique un camarade de lutte d'Alou Badra Sacko, mais les gens ont tellement peur que personne n'entreprend rien. »
La peur, objectif recherché et qui atteint son but. Un mois après l'enlèvement du président de « Touche pas à mon argent » par la Sécurité d'État au Mali, ni sa famille ni son réseau militant n'ont eu de nouvelles. Seul évènement notable : la tentative d'enlèvement d'un autre membre du collectif, Mamadou Sidibé, qui a échappé le 25 mars aux agents des services maliens grâce à l'intervention des riverains.
« Il ne fléchit pas »
Des contacts ont été établis avec des organisations de défense des droits humains. Mais pas d'action en justice, pas de mobilisation publique. « On s'organise avec les moyens du bord, ajoute un autre camarade qui tient à exprimer sa détermination, mais la situation effraie tout le monde. » La terreur n'est pas un abandon.
Âgé d'une soixantaine d'années, atteint d'hypertension et de diabète, Alou Badra Sacko vient de passer un mois dans une geôle secrète de la Sécurité d'État. « Il aurait pu rentrer chez lui la semaine dernière, confie à RFI une source sécuritaire malienne, mais son ton n'a pas changé, il ne fléchit pas. S'il est libéré, il reprendra » la contestation, poursuit cette source. Une attitude qui lui vaut d'être toujours détenu.