L'ancien ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a été interrogé pendant plus de huit heures hier par la Financial Crimes Commission (FCC) dans le cadre de l'enquête sur le décaissement controversé de Rs 2,4 milliards par la Mauritius Investment Corporation (MIC), destiné à l'acquisition de l'hôtel Ambre d'EastCoast Investment Ltd, également connu sous le nom d'«Apavou Deal».
À sa sortie des locaux de la FCC en fin de journée, Padayachy, visiblement fatigué mais conservant son sourire, est retourné sous escorte policière au Moka Detention Centre, où il est détenu depuis mercredi soir. Son avocat, Me Raouf Gulbul, a déclaré à la presse que l'interrogatoire avait permis à son client de réfuter «toutes les allégations» formulées contre lui. «L'enquête a avancé d'un pas géant, mais je ne sais pas encore si je présenterai une motion de remise en liberté provisoire lundi», a-t-il précisé.
Nos sources indiquent que l'enquête est à environ 60 %, et qu'un «progress report» sera présenté en cour lundi.
Selon Me Gulbul, trois personnes auraient formulé des accusations contre l'ex-ministre, sans pour autant nommer de témoins spécifiques. Interrogé par la presse sur une allégation selon laquelle Padayachy aurait proposé Rs 5 millions à Harvesh Seegoolam, l'ancien gouverneur de la Banque centrale, en échange d'un feu vert au projet, l'avocat a indiqué ne pas être au courant d'une telle affirmation. Il n'y aurait, à ce stade, aucune preuve documentaire, mais uniquement des allégations orales de «bullying» et d'interférences.
Dans le cadre de la même affaire, Ken Poonoosamy, ancien CEO de l'Economic Development Board (EDB), a également été convoqué samedi. Voir ci-contre.
L'enquête, fondée sur l'article 43 de la FCC Act, porte sur des soupçons de fraude et d'abus de fonction. Plusieurs témoignages, dont ceux de Jitendra Bissessur, ex-directeur de la MIC, et de Harvesh Seegoolam, mettent en cause l'influence politique exercée sur le Board de la MIC pour faire passer le décaissement.
L'affaire MIC met en lumière les failles structurelles dans la gouvernance financière du pays et continue de secouer la scène politique mauricienne, à l'approche des élections municipales et du discours budgétaire 2025-2026.