19 mois de transition, 14 jours de campagne, 24 heures de décompte des voix et l'affaire est pliée. CBON pour Clotaire Brice Oligui Nguema, le troc du treillis militaire en costume cravate d'un président " démocratiquement élu" qui passe comme une lettre à la poste.
En effet, les résultats provisoires, proclamés par le ministère de l'Intérieur donnent le président de la Transition, candidat à sa succession, vainqueur largement dès le 1er tour, avec un score d'un peu plus de 90% des suffrages. Arriverait en 2e position, Alain-Claude Bibie By Nze, le dernier Premier ministre d'Ali Bongo Odimba qui pourrait recueillir environ 3% des voix, laissant des miettes aux 6 autres concurrents.
Les 920 200 électeurs gabonais auraient donc la main large pour Brice Oligui Nguema, lui accordant une franche confiance pour poursuivre ses chantiers herculéens : sortir le pays du "système pourri du clan Bongo ". En fait, aucun analyste ne doutait de la victoire du "président-candidat", car on a rarement vu en Afrique une élection perdue par le président sortant. "Il faut être fou pour organiser une élection et la perdre", avait déclaré urbi et orbi, feu Omar Bongo Odimba. Ce n'est pas demain la veille que cette réalité va être démentie au Gabon.
Surtout pas par celui qui a pris le pouvoir par les armes un certain 30 août 2023. Venu en balayeur des immondices d'une dynastie qui a fait la pluie et le bon temps pendant plus d'un demi-siècle au pays de Léon Bâ, CBON ne va pas s'arrêter en seulement 19 mois de bons et loyaux services à la nation gabonaise. N'est pas Amadou Toumani Touré qui veut mais qui peut résister à la tentation du pouvoir qui corrompt et aux vuvuzelas des proches qui vous idéalisent en champion, appelé au pouvoir ad vitam aeternam. Et tant pis si vous vous dédisez ou déviez de vos objectifs initiaux !
En tout cas, après 19 mois au gouvernail de l'Etat gabonais, CBON a vu un large rassemblement des partis politiques, des organisations de la société civile, des autorités coutumières et religieuses autour de sa candidature et de son projet de "bâtir un autre Gabon, solidaire et prospère." Mais jusqu'où tiendra-t-il le pari de la rupture pour le renouveau dans la gouvernance du pays ?
Pourra-t-il poursuivre sur l'élan actuel de la lutte contre la corruption, la gabegie, le clientélisme, le chômage, etc., lui qui n'est pas un étranger du système Bongo Odimba qui l'aura sécrété et qu'il aura servi pendant plus d'un quart de siècle ? Va-t-il s'inscrire en faux du dicton "tel père tel fils" pour valider la dialectique des systèmes qui sécrètent en eux-mêmes les germes de leur destruction ?
Si oui, tant mieux pour le Gabon, et que les essais de ces 19 mois de transition soient transformés en succès du premier septennat du général-président. Au demeurant, ses succès pourraient faire des émules ailleurs, là où les patriotes africains, dans un monde en pleine reconfiguration géopolitique, travaillent d'arrache-pied pour plus de souveraineté, de stabilité, de paix et de progrès dans la cohésion sociale de leurs pays.Dans cette dynamique, cette présidentielle est un nouveau départ pour le Gabon avec le général CBON, plus que jamais légitimé aux commandes de l'Etat.
CBON : acronyme de Clotaire Brice Oligui Nguema