Les ministres chargés de l'Industrie et du Commerce de la Confédération des Etats du Sahel (AES) ont tenu leur 2e rencontre, le jeudi 10 avril 2025, à Ouagadougou, sous la présidence du Premier ministre du Burkina Faso, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo. Ils se sont engagés à bâtir une zone économique, viable et prospère.
Les pays membres de la Confédération des Etas du Sahel (AES) poursuivent la mise en place des instruments d'opérationnalisation de la zone d'intégration économique et commerciale au sein dudit espace. Après leur première rencontre tenue, le 19 octobre 2024, à Bamako, les ministres chargés du Commerce et de l'Industrie de l'AES se sont réunis à Ouagadougou, sous la présidence du chef du gouvernement burkinabè, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo.
Pour le Premier ministre, la tenue de cette réunion témoigne de l'engagement et de la volonté collective des trois pays de l'AES d'écrire une nouvelle page de l'histoire économique et commerciale de cet espace commun. Elle constitue une importante tribune pour le renforcement des relations économiques et commerciales au sein de la Confédération.
Elle s'inscrit dans la poursuite des travaux engagés à Bamako en octobre 2024, en vue de l'opérationnalisation de l'engagement pris par les trois chefs d'Etat lors de la signature du Traité instituant la Confédération des Etats du Sahel. « Cette rencontre a connu l'engagement renouvelé de nos pays en faveur de l'industrialisation, de l'accroissement des échanges commerciaux et de la promotion du secteur privé en tant que pilier central aux côtés de l'Etat, de la réalisation des objectifs de croissance économique et de développement de l'AES », a souligné le chef du gouvernement burkinabè.
Après avoir examiné les propositions des experts, les ministres chargé du commerce et de l'industrie du Burkina, Serge Gnaniodem Poda, du Mali, Alassane Diallo et du Niger Seydou Asman, ont adopté des documents visant à accélérer le processus d'intégration régionale dans l'espace AES.
Mettre en place des projets intégrateurs
Il s'agit d'un chronogramme de mise en oeuvre des recommandations et engagements, d'une matrice des actions prioritaires, d'une décision relative à la création du comité tripartite de suivi des recommandations et d'une feuille de route sur la mise en place de l'infrastructure qualité de l'AES.
Au regard des enjeux liés aux questions sécuritaires et aux défis de développement, les trois ministres se sont engagés à assurer la mise en oeuvre du chronogramme de réalisation des recommandations, à diligenter la mise en oeuvre des actions prioritaires identifiées, à harmoniser les procédures d'importation, d'exportation et de transit des engins à deux roues de cylindrée 125 minimums ALOBA et assimilés au sein des Etats membres de l'AES, à poursuivre le processus d'adoption du projet d'accord-cadre sur l'amélioration du climat des affaires et le dialogue public-privé.
Convaincus qu'il ne peut y avoir d'espace communautaire intégré viable sans industries et infrastructures, ils ont pris l'engagement d'oeuvrer à la mise en place des projets intégrateurs communs en matière d'industrialisation et de commerce, notamment la création d'une raffinerie de produits pétroliers, la création d'une centrale électrique à vocation confédérale, la construction de chemin de fer reliant les capitales des Etats membres de l'AES et certains pays de transit.
Les trois chefs des départements chargés de l'industrie et du commerce de l'AES ont pris acte des conclusions des travaux du secteur privé, en l'occurrence les feuilles de route de l'opérationnalisation des accords-cadres, chambres de commerce et d'industrie et des organisations professionnelles de la chaîne de construction ainsi que de la signature de l'accord-cadre entre les patronats de la Confédération et du projet de plan d'actions pour son opérationnalisation.
Le ministre burkinabè, Serges Poda, a fait savoir que cette instance ministérielle de suivi de la mise en oeuvre des recommandations est d'une importance capitale ; car elle permet de contribuer résolument à la mise en oeuvre de la vision politique de bâtir une économie sociale et prospère dans l'espace AES. Il a traduit sa gratitude aux experts pour le travail de qualité abattu dans des domaines stratégiques pour le développement endogène de l'AES.
« Bâtir une souveraineté économique endogène, solide et durable »
Pour le ministre nigérien, Seydou Asman, les résultats de cette rencontre montrent à suffisance l'engagement commun de tous les acteurs à faire de l'AES un espace de promotion et de développement du secteur privé. Il a appelé les acteurs privés à s'approprier les conclusions et à tirer profit de la volonté commune des trois chefs d'Etat de faire du secteur privé, le moteur du développement économique de l'espace confédéral.
Le ministre malien, Alassane Diallo, s'est aussi réjoui de la tenue de cette rencontre ministérielle qui a permis de poser un diagnostic sans complaisance des défis en matière de développement industriel, d'amélioration du climat des affaires, de promotion des investissements, de normalisation et de qualité des produits, de valorisation des échanges commerciaux, de création d'une centrale d'achat, de lutte contre la concurrence déloyale...
Il a invité tous les acteurs à plus d'ingéniosité et de perspicacité dans les propositions d'actions idoines pour relever ces défis. Représentant le Premier ministre à la clôture de cette deuxième rencontre ministérielle, le ministre de l'Economie et des Finances du Burkina Faso, Aboubakar Nacanabo, a exprimé avec une légitime fierté, sa satisfaction pour les résultats atteints.
« Pendant ces travaux, nous avons levé le voile sur les défis majeurs de notre espace commun, mais surtout, nous avons jeté les bases d'un futur industriel ambitieux, d'un secteur privé plus fort, plus compétitif et d'un marché régional plus intégré, plus juste, plus attractif », a-t-il souligné. Et d'ajouter que loin d'être un simple rendez-vous technique, cette rencontre constitue « un signal fort envoyé à nos peuples, à nos partenaires et à nous-mêmes, celui de notre volonté d'agir ensemble pour bâtir une souveraineté économique endogène, solide et durable ».
« De ces échanges riches et pragmatiques, naît une espérance lucide : l'AES est en train d'écrire une nouvelle page de son histoire économique, fondée sur la coopération, la solidarité et la valorisation de nos ressources et de nos talents. Les chantiers sont vastes, les défis réels, mais notre volonté commune de bâtir un avenir de prospérité partagée est inébranlable », a conclu le ministre Nacanabo.