Au Sénégal, une caravane promeut et vulgarise les sciences : le « Spacebus » sillonne le pays depuis une semaine, avec à son bord, 60 passionnés de sciences de la technologie et de l'astronomie. Jusqu'au 13 mai, elle va s'arrêter dans 20 villes des 14 régions du pays pour susciter des vocations pour les matières scientifiques et montrer l'importance de l'exploration de l'espace, au quotidien.
Devant une audience captivée, Dembo Diakité fait bouillir de l'eau sans feu ni électricité. « Je suis dealer de sciences », lance-t-il, hilare. L'objectif pour ce professeur de physiques à la retraite : montrer que les sciences, ce n'est pas compliqué.
« On veut que la population et les élèves s'intéressent un peu plus à la science, qu'ils viennent s'étonner devant les faits scientifiques et qu'ils recherchent les explications », poursuit Dembo Diakité.
Car le désamour est profond : 16 % à peine des élèves sénégalais se tournent vers des filières scientifiques. C'est deux fois et demie de moins qu'il y a quarante ans.
« Enlever les mystiques qui sont autour de la science »
Pour Amadou Moustapha Demb, dont la start-up veut démocratiser l'informatique, il faut inverser cette tendance : « Il ne faut pas se voiler la face. L'Afrique, dans le cadre du numérique, est vraiment en retard. Donc, nous, notre mission, c'est d'essayer d'enlever les mystiques qui sont autour de la science. Parce que les élèves ne choisissent pas les filières scientifiques. Ils se disent que c'est difficile. Alors que, lorsque tu t'y intéresses, ça va venir forcément. »
Observation des planètes, pilotage de drones, jeux scientifiques. David Barratoux, planétologue, fait partie des animateurs du Spacebus. « On montre aussi des métiers qui existent dans le secteur du spatial, pour comprendre que son rêve est peut-être réalisable, que peut-être il fera des études au Sénégal ou ailleurs », souligne-t-il.
▶ Louga, Podor, Ziguinchor ou Kédougou : jusqu'au 13 mai, le Spacebus fera rêver les jeunes dans vingt villes du Sénégal.
▶ Le Spacebus qui, depuis sa première tournée au Sénégal en 2015, s'est exporté en France, au Maroc, au Togo, au Bénin, et en Côte d'Ivoire.
« L'Afrique a eu cette prise de conscience »
Pour son fondateur, l'astronome Maram Kaire, le Spacebus sert aussi à rappeler que le spatial est accessible à toutes les nations désormais, mais que ce sont les scientifiques qui manquent encore sur le continent : « On a fait comprendre à l'Afrique que le spatial coutait cher, que ce n'était pas accessible. Aujourd'hui, avec l'avènement du 'new space' [des formes nouvelles d'économie dans le spatial, avec notamment l'entreprenariat privé, notamment, NDLR], il est possible de faire des petits satellites et d'arriver à recueillir des données qui peuvent aider dans les secteurs prioritaires comme l'agriculture, la santé, l'élevage, la protection de l'environnement, la sécurité de nos frontières, les plateformes de pétrole, les ressources maritimes, et ainsi de suite. »
Il poursuit : « L'Afrique a eu cette prise de conscience. On en est à 22 agences spatiales créées sur le continent, une quarantaine de satellites ont été lancés en l'espace de 20 ans. Et, si aujourd'hui, le spatial est un lieu durable de développement, il faut s'assurer que les investissements ne seront pas perdus dans 20 ans, tout simplement parce que nous n'avons pas la masse critique de scientifiques pour faire le travail. Donc, c'est une chose d'investir, c'en est une autre de préparer la jeunesse à porter le flambeau pour le développement scientifique du continent. Et le Spacebus contribue donc cette prise de conscience. »