Madagascar: Visite d'Etat de Macron - Sommet de la COI - La ville des Mille fait peau neuve

Coup d'éclat en centre-ville à l'approche du sommet de la COI, mais des quartiers entiers laissés pour compte.

À l'approche du sommet de la Commission de l'océan Indien (COI), prévu à Antananarivo les 23 et 24 avril prochains, la capitale se métamorphose. Depuis plusieurs jours, des travaux d'embellissement intensifs ont été lancés dans certains quartiers stratégiques de la ville. Analakely, Ankorondrano, Anosy et Antaninarenina, entres autres, zones que les délégations officielles auront à traverser ou visiter, sont aujourd'hui rajeunies. Arcades repeintes, chaussées refaites, trottoirs dégagés, jardins remis à neuf : l'opération séduction est bien en marche.

Le centre-ville fait peau neuve. Ces interventions visent avant tout à redorer l'image de la capitale, qui accueillera pour deux jours les chefs d'État et représentants des pays membres de la COI. Les hôtes de marque comme les présidents français et comorien sont attendus dans la ville. Le parcours emprunté par ces invités a été minutieusement tracé, et les zones qu'ils visiteront font l'objet d'un traitement de faveur, comme une vitrine temporaire destinée à masquer la réalité plus complexe de la ville. Car au-delà de ces quartiers rénovés, une toute autre réalité subsiste dans d'autres secteurs d'Antananarivo.

À Isotry, Andravoahangy ou encore dans le quartier populaire de 67ha, le contraste est saisissant. Là, les rues sont délabrées, les trottoirs sont envahis par les marchands ambulants, et des canaux d'évacuation sont obstrués par des déchets en tout genre. Ces conditions d'insalubrité chronique risquent de transformer ces zones en véritables foyers de prolifération de maladies, particulièrement en cette période de saison des pluies où l'humidité favorise la propagation des infections. Les habitants de ces quartiers laissés-pour-compte ne peuvent qu'assister, impuissants, à cette rénovation sélective qui ne les concerne pas. « On nettoie juste pour les étrangers, nous, on reste dans la boue », regrette un riverain d'Andravoahangy. Ce sentiment d'abandon est partagé par beaucoup, d'autant plus que les promesses de réhabilitation globale de la capitale sont régulièrement formulées par les autorités de la capitale, sans traduction concrète sur le terrain.

Cette opération de lifting ciblée met en lumière les disparités flagrantes en matière de gestion urbaine. D'un côté, des quartiers modernisés pour accueillir des hôtes de prestige. De l'autre, des zones marginalisées, rendues invisibles parce qu'elles ne figurent pas sur les cartes protocolaires du sommet. Un choix politique qui pose question et alimente les critiques à l'égard d'une gouvernance accusée de privilégier l'image au détriment de la réalité vécue par une large partie de la population. Alors que le sommet de la COI s'annonce comme un moment diplomatique important pour Madagascar, il met aussi en lumière les défis criants de la capitale : un urbanisme à deux vitesses, des priorités discutables et une fracture visible entre quartiers vitrine et zones oubliées.

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